Alors qu'Emmanuel Macron doit évoquer ce mercredi à Montpellier au congrès de la Mutualité sa réforme sur le reste à charge (RAC) zéro pour l'optique, le dentaire et les audioprothèses, l'UFC-Que Choisir s'alarme des effets de ces mesures sur le coût des mutuelles, assureurs et institutions de prévoyance. « Les complémentaires vont supporter les conséquences du reste à charge zéro et les répercuter sur les consommateurs, en augmentant les cotisations notamment », prévient le président de l'association de consommateurs Alain Bazot.
Ce dernier déplore que « le sujet des complémentaires ait disparu du débat ». L' UFC-Que choisir a mené une enquête sur les défaillances du secteur, en analysant quelque 29 organismes et de 207 avis d’échéance. Il apparaît que la cotisation moyenne des complémentaires santé n'a cessé de croître depuis 2006 (+220 € en 11 ans) et est passée de 468 € à 688 € en moyenne en 2017. Soit une inflation de 47 %, contre 14 % pour l'économie en général.
« Dérives des frais de gestion »
L'association de consommateurs dénonce les dérives des frais de gestion, qui pèsent de plus en plus dans le coût des cotisations (+30 % entre 2010 et 2016), au détriment des prestations remboursées qui elles n'ont augmenté que de 15 %. Les frais de gestion s'élèvent pour les contrats individuels à 21,5 % de la cotisation, les taux pouvant grimper à 42 % pour certains contrats. En revanche, le taux de redistribution, c’est-à-dire la part des cotisations revenant aux assurés sous forme de prestations, « s’effondre », a regretté l'UFC, estimant que « seulement 66 % des cotisations en moyenne, et moins de 50 % pour certains contrats, reviennent aux assurés individuels », contre 76 % pour les contrats collectifs.
L'UFC-Que Choisir explique ces dérives par la difficile lisibilité des garanties par le consommateur, malgré les engagements déjà pris en 2010 par l'Union des complémentaires santé (UNOCAM). 37 % des Français trouvent encore que leurs garanties santé difficiles à comprendre, selon un sondage récent réalisé par UFC-Que Choisir et l'IPSOS*.
Engagements non-tenus
L'enquête pointe plusieurs engagements non-tenus par les complémentaires en termes de lisibilité. Tout d'abord, aucun organisme n'utilise le vocabulaire commun préconisé et la grande majorité respectent moins de 50 % du glossaire à employer. L'UFC souligne également que près des trois quarts des complémentaires ne distinguent pas les remboursements Sécu de leurs propres remboursements. Enfin, 62 % des organismes utilisent des pourcentages « incompréhensibles » de remboursement dans les contrats. « Tous ces éléments ne permettent pas aux consommateurs de pouvoir comparer les contrats et le foisonnement des offres n'est qu'une dynamique concurrentielle de façade », estime Alain Bazot.
L'association demande donc aux pouvoirs publics « d’encadrer la comparabilité des offres » et de « publier enfin l’arrêté prévu par la loi Hamon de 2014, pour une liste standardisée d’exemples de remboursements en euros » dans les brochures. Elle souhaite enfin contraindre les complémentaires à publier leur « taux de redistribution » avant toute souscription, par exemple sur Internet.
* Sondage réalisé entre le 30 mai et le 1er juin 2018 auprès d'un échantillon représentatif national de 1 002 individus âgés de 18 ans et plus.
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