"La population et le personnel médical sont à l’agonie dans une ville assiégée." L'Union des organisations de secours et de soins médicaux (UOSSM), s'alarme de la situation sanitaire et humanitaire à Alep. "Les bombardements d’hôpitaux et d’établissements médicaux s’intensifient" en Syrie dénonce cette ONG rassemblant des médecins de la diaspora syrienne et opérant dans les zones rebelles. "Ce week-end encore, 3 hôpitaux et plusieurs établissements médicaux ont été touchés par les attaques aériennes. En une semaine, il y a eu près d’un hôpital bombardé tous les jours", a dénoncé l'UOSSM.
Le bilan dressé par l'UOSSM est dramatique. Le 31 juillet, un hôpital de fortune à Jassem dans la province méridionale de Deraa a été visé, ainsi que la clinique Hoor à l’ouest d’Alep, et un centre médico-légal à Alep même. La veille samedi, c'est l’hôpital d'Anadan (nord-ouest d'Alep) qui a été touché par une attaque aérienne. Vendredi, c'est une maternité de l'ONG Save the Children qui avait été bombardée à Kafr Takharim, dans la province d’Idleb (nord-ouest). Ce "week-end sanglant et meurtrier pour les hôpitaux en Syrie vient s’ajouter aux 4 hôpitaux bombardés la nuit du 23 au 24 juillet (les hôpitaux Al-Bayan, Al-Hakim, Al-Zahra, Al-Dakak ainsi qu’un centre de banque de sang)", annonce l'UOSSM.
"Le bilan est catastrophique, selon l'UOSSM, avec des dizaines de civils tués et de nombreux blessés qui affluent dans les hôpitaux de proximité, notamment à l’hôpital Bab Al-Hawa", principale structure sanitaire du nord-ouest du pays, gérée par organisation à la frontière avec la Turquie. Les quartiers rebelles d'Alep sont totalement assiégés depuis le 17 juillet par les forces du président Bachar al-Assad. Aucune aide internationale n'a pu entrer depuis le 7 juillet dans ces secteurs, soumis à d'intenses bombardements de l'aviation du régime et de son allié russe.
Plus de pédiatre, le dernier cardiologue grièvement blessé
"Face à cette catastrophe sanitaire et humanitaire", l'UOSSM a lancé un "appel au secours" sur les réseaux sociaux, baptisée #SOSMedecinsAlep, une campagne qui "tarde cependant à se faire entendre dans un contexte extrêmement tendu et meurtrier". Selon l'ONG, le Dr Othman Hajawi, dernier cardiologue de la ville d'Alep, a été grièvement blessé lors d’une attaque aérienne dans la nuit de mercredi à jeudi. Un drame qui fait suite au décès dans les mêmes conditions le 28 avril du dernier pédiatre de la ville. Le réseau syrien pour les droits de l'homme avance le chiffre effarant de 80 établissements détruits et 81 personnels de santé tués dans ces attaques au premier semestre 2016.
L'ONG a mis en ligne de courtes vidéos donnant la parole à des médecins et humanitaires à Alep, en Syrie, en Turquie, et dans le monde pour demander "l’arrêt immédiat des bombardements" la fin des "frappes ciblées sur les hôpitaux et les établissements de santé", et "la libre circulation du personnel médical dans la ville". “Les docteurs à Alep sont submergés et déprimés. Ils sont littéralement piégés dans les hôpitaux et travaillent plus de 18 heures par jour. Avec la fermeture de l’hôpital M2, le système médical est en train d’atteindre son point de rupture” explique ainsi le Dr Aziz, chirurgien général à Alep et directeur de recherche de l’ONG à Alep.
"La plus grande catastrophe humanitaire depuis la seconde guerre mondiale"
Son intervention précède le témoignage bouleversant d'un confrère chirurgien orthopédiste, le Dr Bakry Maaz, qui évoque ces petits patients qu'on est contraint d'amputer, en lançant cet SOS : "En tant que cadres soignants, nous espérons de la communauté internationale et des organisations internationales, qu'elles fassent pression sur le régime et cesser les bombardements sur Alep."
"Loin d’être des dommages collatéraux, les professionnels de santé et les hôpitaux sont délibérément visés dans le cadre d’une stratégie militaire systématisée et largement utilisée", accuse l'UOSSM, qui prend elle aussi à témoin l'opinion internationale: "“Nous enjoignons la France et la communauté internationale à tout mettre en oeuvre pour arrêter les bombardements, protéger les hôpitaux et le personnel médical ainsi que les populations civiles syriennes”, implore le Dr Ziad Alissa, président de l’UOSSM France.
D'autres soignants et médecins humanitaires prennent aussi la parole. Tel le français Raphaël Pitti, spécialiste de médecine d'urgence, qui raconte : "aujourd'hui dans les hôpitaux en Syrie, ce sont surtout des étudiants et des hommes et femmes de bonne volonté qui remplacent les personnels soignants." La voix marquée par l'émotion, il dénonce "la plus grande catastrophe humanitaire depuis la seconde guerre mondiale" et interpelle ses confrères du monde de la santé : "J'en appelle en particulier, sur le plan éthique, à tous les personnels soignants du monde entier. Il est nécessaire que nous puissions nous mobiliser pour aider les personnels syriens."
D'autres médecins étrangers s'expriment également tel l'obstétricien franco-marocain Zouhair-Lahna, qui exerce comme médecin humanitaire en Syrie où il est chargé de missions de formations de gynécologues et sages-femmes auprès de l’UOSSM.
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