La politique migratoire est au centre des débats parlementaires cet automne. L’accès à la couverture santé de base (PUMa) était ainsi débattu à l’Assemblée nationale la semaine passée. Un délai de carence de trois mois pour accéder à la PUMa pour les demandeurs d’asile (hors soins urgents) a été approuvé par les députés (l’amendement a récolté 50 voix contre 14). Quelques jours auparavant, un rapport de l’Igas sur l’aide médicale d’État (AME) affirmait que la migration pour soins « n’est clairement pas un phénomène marginal » et préconisait de renforcer les contrôles contre la fraude et les abus.
Santé publique en danger
Ce durcissement de la politique gouvernementale a suscité de vives réactions dans le corps médical. L’Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS) évoque un projet qui « n’est pas admissible en regard des valeurs de solidarité et d’égalité de notre pays » et « totalement irresponsable en termes de santé publique ». « Il est en effet démontré que soigner, dépister, vacciner sans délai des patients étrangers nouvellement arrivés sur le territoire est une protection pour toute la population. » MG France n’a également pas tardé à réagir. Concernant le délai de carence de trois mois, le syndicat s’interroge sur le bénéfice attendu de cette mesure. « À l’heure où les urgences explosent, nul doute que ces patients en perdition iront alourdir les files d’attente aux urgences », prévient le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat de généralistes. « Laisser sans diagnostic et sans soins des personnes potentiellement malades, c’est favoriser l’expansion des maladies infectieuses et aggraver les pathologies psycho-traumatiques », ajoute-t-il. Le Cnom déplore pour sa part une forme de discrimination qui met à mal le « principe de solidarité, fondement de notre système de santé » : « L’Ordre des médecins ne peut envisager qu’une fraction de la population soit à présent discriminée dans son droit à être soignée, sur le sol français. »
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