LE QUOTIDIEN : La crise asthme : crise d’ado ou urgence vitale ?
LAURENCE MEYER : On peut mourir d’une crise d’asthme en France aujourd’hui. Brisons ce tabou, puisque 900 décès sont encore déplorés chaque année, et je ne m’explique pas pourquoi il reste encore si difficile d’en parler. Avec des patients repérés et pris en charge, ce chiffre épouvantable pourrait chuter considérablement.
Les professionnels le savent, la crise d’asthme n’est jamais banale, mais il faut aussi la considérer comme une urgence vitale, ce qui n’est pas toujours le cas. J’ai perdu un fils de 27 ans, et regrette bien d’avoir aujourd’hui à en témoigner devant vous. Cessons de nous cacher derrière les problèmes liés aux traitements ou aux errances thérapeutiques, il faut briser le silence pour que l’asthme soit toujours considéré à l’avenir comme une maladie.
De généralistes en allergologues puis en pneumologues, les jeunes asthmatiques n’ont pas la vie facile, et il faut bien considérer que rien ne leur facilite la tâche.
Comment améliorer ce parcours de soins au moment où les jeunes prennent leur indépendance ?
Beaucoup reste à faire dans ce domaine, et c’est pourquoi je saisis l’occasion de le dire sans détour aux pneumologues, allergologues, généralistes, pédiatres qui ont une fonction clé dans ce dispositif tellement délicat. Vous connaissez ces situations d’urgence. Ensemble, vous parvenez à réduire le nombre de victimes de l’asthme. Je suis particulièrement bien placée pour constater le désastre qui résulte de l’accumulation des choses à ne pas faire.
Dans la chaleur de l’été 2006, mon fils Dove déménage et respire quelques pollutions diverses et variées. La crise d’asthme qui va suivre, un peu plus sévère que les autres, va finalement l’emporter. Mauvais réflexe d’un médecin non-urgentiste sur place, des pompiers non équipés, c’est en voiture que nous avons rejoint l’hôpital, trop tard. Ce qu’il ne faut jamais faire, mais je l’ai compris dix ans après. Il faut donc donner plus de conseils pratiques aux patients et à leurs familles.
Quels sont les bons réflexes à mieux partager ?
En cas de crise sévère, le premier d’entre eux est d’appeler et d’attendre sur place le service d’urgence. Les Samu doivent prendre en charge et comprendre l’alerte des personnes en crise d’asthme. C’est aussi une question de communication et de coordination, alors resserrons les liens. Pour le faciliter, j’ai créé, avec ma famille et mes amis, l’association Dove United pour collecter des fonds dédiés à la recherche médicale liée à l’asthme. Dove United propose des outils de communication utiles, pratiques et surtout dédiés. Conçues avec l’association Asthme & allergies, une carte et une application pour smartphone « Crise d’asthme — agir » permettent de conserver sur soi la liste des bons réflexes et règles à suivre selon les signes ressentis.
Cette année, avec la Fondation du souffle, l’application s’enrichit du référencement des centres d’urgence en France, géolocalisables par téléphone. L’application signale au jeune le service d’urgences le plus proche, car il ne faut pas hésiter à s'y rendre dès les premiers symptômes.
La bonne information au bon moment peut faire chuter le nombre de décès chez les adolescents et jeunes adultes, encore trop nombreux à être fauchés par cette terrible et sournoise maladie.
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