Le psoriasis, comme d’autres pathologies cutanées, a des conséquences esthétiques et nuit à la vie relationnelle. Son retentissement psychologique est notable : les sentiments d’estime et confiance en soi sont nettement diminués chez les patientes qui en souffrent. Leur vie sentimentale est extrêmement affectée.
Comme le psoriasis débute souvent chez l’adulte jeune, il faut anticiper, informer les jeunes filles en âge de procréer et leur proposer une prise en charge adaptée. Les femmes atteintes de psoriasis ont souvent de nombreuses inquiétudes face à la grossesse.
Tout d’abord, pendant la grossesse, l’évolution du psoriasis est imprévisible. Il s’aggrave chez certaines femmes (d’autant plus qu’elles arrêtent leur traitement du psoriasis…) alors qu’il s’améliore chez d’autres. Les études ont par ailleurs montré qu’il n’y avait pas de risque de malformations fœtales en cas de psoriasis chez la mère. Par contre, il existe, bien sûr, un risque pour l’enfant à venir de déclencher du psoriasis (support génétique au psoriasis). « Des rares cas d’enfants hypotrophiques ou de prématurité ont été rapportés. Ils n’étaient pas forcément liés au psoriasis, mais plutôt aux comorbidités associées aux formes sévères du psoriasis : diabète, hypertension artérielle, hypercholestérolémie… », ajoute le Pr Marie-Aleth Richard (CHU de Marseille).
Les traitements autorisés pendant la grossesse
« La photothérapie UVB est autorisée pendant la grossesse. En revanche, la PUVAthérapie, en raison de la prise d’agents photosensibilisants, est contre-indiquée. En ce qui concerne les traitements locaux, on essaiera d’éviter l’utilisation de dermocorticoïdes forts sur de grandes surfaces, déclare le Pr Marie-Aleth Richard.
La ciclosporine n’a pas d’effet malformatif et peut être poursuivie pendant la grossesse mais elle ne doit être prescrite qu’en cas de psoriasis très sévère. Cependant, elle peut accroître le risque de certaines complications de la grossesse : hypertension artérielle, éclampsie… »
Les anti-TNF peuvent être poursuivis, au cas par cas, dans des formes très sévères. Il existe cependant un risque infectieux pour l’enfant : le nouveau-né doit être considéré comme immunodéprimé et donc ne pas recevoir de vaccins vivants atténués et BCG (attendre 6-12 mois). L’étanercept sera utilisé en priorité car les données de suivi sont plus nombreuses et sa demi-vie est courte. Il faudra éviter l’infliximab et l’adalimumab au 3e trimestre de la grossesse. Les autres biothérapies restent contre-indiquées en l’absence de données suffisantes.
Une contraception efficace en parallèle de certains traitements
Les femmes en âge de procréer se traitant pour un psoriasis sévère doivent utiliser une contraception fiable. L’acitrécine et le méthotrexate sont contre-indiqués pendant la grossesse en raison du risque de malformations fœtales et d’avortements. La prescription de l’acitrétine, exceptionnelle, doit être accompagnée d’une contraception efficace poursuivie 3 ans après la fin de l’arrêt du traitement. Si une grossesse survient sous acitrétine, l’interruption thérapeutique de grossesse est discutée.
Sous biothérapies, une contraception est recommandée et sera maintenue après l’arrêt du traitement avant d’autoriser une grossesse, pendant une durée déterminée qui dépend de la demi-vie de la molécule. Le délai avant de procréer après l’arrêt du traitement est de 3 semaines pour l’étanercept, de 5 mois pour l’adalimumab et le secukinumab. Il passe à 4 mois pour l’ustékimumab et à 6 mois avec l’infliximab.
Pour plus d’informations : Groupe de recherche sur le psoriasis : grpso.org ; CRAT (Centre de référence sur les agents tératogènes) : https://lecrat.fr/
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