Chez les patients hypertendus, on observe une augmentation du risque de consultation hospitalière pour cause d'effets indésirables au cours du mois qui suit l'introduction d'un générique d'un des 3 principaux antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II (ARA II) : le losartan, le valsartan et le candésartan. Ces chiffres, publiés dans la revue américaine « Circulation », proviennent du système intégré de surveillance des maladies chroniques du Québec.
Les chercheurs ont analysé les données de 136 177 patients de 66 ans et plus, prenant un de ces 3 antihypertenseurs. Ils rapportent un taux de survenue d'événements indésirables de 10 % sur un mois pour l'ensemble des patients de leur étude.
Après l'arrivée sur le marché des génériques des ARA II, les patients qui se sont vu prescrire un générique du losartan ont un taux mensuel d'événements indésirables supérieur de 8 % aux taux moyens (hausse non significative) au cours du premier mois de prise du générique. Cette hausse est de 11,7 % chez ceux utilisant un générique du valsartan (hausse statistiquement significative) et de 14 % pour le candésartan (hausse statistiquement significative). Au bout d'un an, le taux d'effets indésirables mensuel de l'ensemble des patients sous générique restait supérieur de 2 % à celui des patients prenant un princeps. Une différence plus modérée, néanmoins statistiquement significative.
Des résultats « à interpréter avec prudence »
Cette hausse du taux d'événements indésirables peut potentiellement s'expliquer par des différences de composition et de dosage entre le générique et le princeps. « Dans notre étude, on a pu prescrire aux patients des traitements génériques dont la pharmacocinétique est 6 à 21 % plus rapide que celle de leur traitement d'origine », explique le premier auteur de l'étude, le Dr Paul Poirier, de l'université de Laval (Québec). Il précise que « ces résultats doivent être interprétés avec prudence, car il est difficile de tirer des conclusions d'une étude comme celle-ci qui mesure la survenue d'effets secondaires sur une période de temps définie avec des différences importantes de situation entre les patients, analyse-t-il. De plus, il peut y avoir des incertitudes liées au fait qu'il s'agit de données basées sur les seules facturations hospitalières transmises au gouvernement. »
Au bout d'un mois, la différence entre génériques et princeps s'estompe mais un décalage persiste entre les patients prenant des génériques et ceux prenant les molécules princeps. Cet écart peut s'expliquer par les différences socio-économiques entre les différentes populations. Les auteurs incitent toutefois les praticiens à la vigilance dans les premières semaines qui suivent le passage aux génériques de leurs patients.
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