Attaque à l’acide, tags insultants, un généraliste de Guadeloupe suspend son activité par crainte d’une nouvelle agression

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Publié le 13/06/2015

Depuis quelques semaines, le Dr Samuel Chemla exerce la peur au ventre. Ce généraliste, installé en Guadeloupe depuis trois ans, a été la cible de deux actes de vandalisme inexpliqués. Le 11 avril dernier, en fin de soirée, un individu tague à l’encre indélébile la devanture de son cabinet de Pointe-à-Pitre. L’homme, repéré par des caméras de surveillance, n’a pas été identifié.

Huit jours plus tard, nouvel incident, plus inquiétant. Alors qu’il assure une garde de nuit au centre d’urgence du Moule, une commune située à une trentaine de kilomètres de Pointe-à-Pitre, le Dr Chemla retrouve son véhicule aspergé d’acide, une vitre brisée. Une partie de la carrosserie et l’intérieur de l’habitacle sont endommagés. Montant de la facture : plus de 70 000 euros de réparations, partiellement prises en charge par son assurance.

Règlement de compte ?

Qui en veut au Dr Chemla ? Pourquoi ? À ce jour, et malgré les plaintes déposées aux commissariats locaux, le médecin n’a aucune réponse. « Je n’ai pas de problème avec ma patientèle qui est adorable », confie-t-il au « Quotidien ». Le généraliste a le sentiment d’être la cible d’un règlement de compte personnel. Il a confié ses présomptions aux forces de l’ordre.

Le médecin évoque également le « contexte de vie difficile » et le climat d’insécurité qui règne en Guadeloupe et qui l’ont conduit à installer un système de vidéosurveillance dans son cabinet lors de son installation. « À l’époque, il y avait des gangs qui trafiquaient jusque devant mon cabinet. Ça s’est calmé depuis », explique-t-il.

Deux mois après le premier incident, le Dr Chemla est en plein désarroi. Le conseil de l’Ordre départemental, avec lequel il a pris contact, ne lui a fourni aucun soutien. « C’est hallucinant. Ils ne m’ont même pas répondu, déplore-t-il. Depuis, j’ai écrit au conseil national avec l’espoir d’avoir une réponse. »

Le médecin a le sentiment de ne pas être épaulé, que les moyens engagés pour résoudre cette affaire ne sont pas suffisants. Il confie sa peur d’une nouvelle agression : « Je ne veux pas sombrer dans la paranoïa. Mais ne sachant pas qui est derrière, on ne sait pas jusqu’où la personne est prête à aller... On va me canarder, on va me planter avec un couteau, on va me jeter de l’acide dessus ? »

Sur ses gardes en permanence

Il ne sort plus sans une arme d’autodéfense, surveille sans cesse les allées et venues aux alentours de son cabinet et reste vigilant lorsqu’il se déplace. « Je ne peux pas travailler dans ces conditions, soupire le Dr Chemla. Je ne peux pas être aux aguets en permanence. »

Dans ces conditions, le médecin a annoncé à ses patients, à l’Ordre et aux structures avec lesquelles il travaille, son intention de cesser son activité à partir de la semaine prochaine. « Je ne sais pas quand je pourrai reprendre. En tout cas, pas tant que l’enquête ne sera pas résolue », conclut le praticien avec regret.


Source : lequotidiendumedecin.fr