Alors que 800 000 personnes sont traitées en France par 1 à 5 injections quotidiennes d'insuline, une étude multicentrique sur 254 patients montre que la plupart d'entre eux ne maîtrisent pas correctement ce geste.
La moitié estime avoir des lipohypertrophies, or 9 patients sur 10 n'appliquent pas de schéma optimal de rotation qui les préviendrait et 1 sur 3 continue de s'injecter dans les zones lipohypertrophiques sans se rendre compte qu'ils encourent les mêmes risques qu'en se piquant directement dans le muscle : douleurs, hématomes, résorption plus rapide de l'insuline et donc risques plus grands d'hypoglycémies.
Par ailleurs, 1 patient sur 4 réutilise ses aiguilles à stylo avec pour conséquences la survenue de traumatismes au niveau de la zone d'injection et le risque accru de ne pas délivrer la bonne dose d'insuline en raison de la formation de microbulles d'air lorsque l'aiguille est laissée sur le stylo. Enfin, le Dr Helen Mosnier-Pudar, diabétologue à l'hôpital Cochin (Paris), rappelle que la longueur optimale de l'aiguille qui permet d'atteindre le tissu adipeux sans toucher le muscle est de 4 mm, quel que soit leur indice de masse corporelle et « contrairement à ce que pensent encore certains professionnels de santé ». Le gain de l'application des bonnes pratiques d'injection n'est pourtant pas négligeable. Une étude italienne de 2014 a ainsi montré qu'elles permettent une réduction à 3 mois de l'hémoglobine glyquée de 0,58 %, de la glycémie à jeun et de la dose quotidienne d'insuline de 2 unités.
L'éducation doit être suivie et renouvelée
Pour Gérard Raymond, président de la Fédération française des diabétiques (FFD), les raisons de ces pratiques imparfaites tiennent en partie au fait que « l'acte d'injection est manifestement secondaire, loin derrière la problématique de l'adaptation des doses, y compris pour les professionnels de santé ». Le problème est que « s'injecter de l'insuline, ce n'est pas comme le vélo : les bonnes pratiques ne sont pas acquises pour la vie », ajoute-t-il. Une enquête réalisée par le Diabète LAB de la FFD montre bien que les patients, rapidement « lâchés dans la nature », se créent leurs propres règles et des routines vite ritualisées qu'ils considèrent, souvent à tort, comme adaptées. Aujourd'hui, conclut Gérard Raymond, « il nous faut réfléchir au contenu des formations disponibles, sûrement trop rapides, trop superficielles ». Afin de prévenir ces dysfonctionnements, le Dr Mosnier-Pudar explique que « le patient doit être interrogé régulièrement sur sa technique d'injection » et qu'il est indispensable de vérifier avec lui certains points au moins une fois par an : sites d'injection, geste technique, respect des schémas de rotation, matériel, modalités de conservation de l'insuline… Par ailleurs, elle insiste sur la nécessité de former les soignants à rechercher d'éventuelles lipohypertrophies, de cartographier les sites et, au besoin, de délimiter au marqueur indélébile les sites à éviter. C'est dans cet esprit d'accompagnement et d'éducation du patient que le laboratoire BD a conçu sa plateforme « BD and Me », accessible sur smartphones, tablettes et ordinateurs et sur laquelle professionnels de santé et malades peuvent consulter des tutoriels vidéos fondés sur le référentiel le plus récent concernant la technique d'injection.
Conférence de presse du laboratoire DB
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature