Un mal pour un bien ? L’épidémie d’overdoses médicamenteuses par opiacés aux États-Unis présente un avantage paradoxal : elle a permis d'augmenter le nombre d’organes disponibles pour les greffes, sans risque majeur à un an pour les receveurs. C’est ce que présente une correspondance publiée dans le « New England Journal of Medicine ».
En analysant les données des donneurs et des greffes sur une période de 17 ans aux États-Unis (entre 200 et 2016), les auteurs ont noté une forte augmentation (d’un facteur 11) de la proportion de donneurs morts d’une overdose médicamenteuse, passant de 59 (soit 1,2 %) en 2000, à 1 029 (13,7 %) en 2016. Une augmentation qui compte pour la majeure partie de l’augmentation générale dans l’activité de transplantation des 5 dernières années aux États-Unis.
De plus, aucune différence significative n’a été observée dans la survie à un an de 2 360 receveurs, selon que leur donneur était mort d’une overdose médicamenteuse ou bien d’une autre cause (AVC, traumatisme crânien, blessure par balle, asphyxie, noyade…). Les auteurs ont ici pris en compte les receveurs de cœur et de poumons, des organes plus à même d’être affectés par l’hypoxie ou l’hypotension fréquemment observée chez les personnes mortes d’intoxication médicamenteuse. Ils n’ont envisagé que la première année après la greffe, car les troubles liés à l’hypoxie ou l’hypotension, s’ils devaient survenir, surviendraient rapidement.
Des résultats très différents en Europe
Les auteurs ont comparé ces données avec les chiffres du registre Eurotransplant, qui recense les chiffres des centres de greffes dans 8 pays européens (mais pas la France). En Europe, où l’épidémie d’opiacés n’existe pas contrairement aux États-Unis, la part des causes de décès des donneurs attribuées à l’overdose médicamenteuse demeure inférieure à 1 %, et il n’y a pas eu de changement majeur dans le nombre de donneurs (de 1 566 en 2000 à 1 421 en 2016).
Élargir le nombrede donneurs potentiels
Une revue de la littérature publiée dans le même numéro du « New England Journal of Medicine » propose une solution pour combler le fossé entre « l’offre » et la « demande » d’organes. Plutôt que d’augmenter les taux de donneurs (vivants et morts), ils suggèrent d’étendre le nombre d’organes considérés comme aptes à la greffe, et potentiellement d’inclure des donneurs âgés, des personnes potentiellement ou effectivement infectées par le VIH, le VHC ou le VHB, et des donneurs décédés d’un arrêt cardiaque.
Pour chacune de ces situations, les auteurs envisagent les risques et les solutions possibles (choisir un receveur âgé pour un donneur âgé par exemple). Ils insistent pour que ce risque soit scientifiquement évalué et précisé au patient concerné.
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