« Chaque année, 55 000 femmes de plus que les hommes souffrent d'un AVC aux États-Unis, une différence largement portée par la différence d'espérance de vie. Il s'agit de la 3e cause de décès des femmes américaines. » Partant de ce constat établi dans l'édito du Dr Éric Kaplovitch (Université de Toronto) et du Pr Sonia Anand (université McMaster), le journal américain « Stroke » vient de publier, à l'occasion du mois « Go Red month » de l'association américaine de cardiologie (AHA), 4 articles dédiés au problème particulier de l'AVC chez la femme.
Premières règles et ménopause précoces....
Dans le premier, les chercheurs du Brigham and Women's Hospital de Boston dirigés par le Pr Kathryn Rexrode, se sont livrés à une revue de la littérature pour dénombrer les facteurs de risques spécifiques aux femmes.
Quatre items se détachent particulièrement selon leur travail : l’âge précoce des premières règles (avant 10 ans), une ménopause précoce (avant 45 ans) des niveaux faibles de déhydroépiandrostérone (DHEAS) et la prise de contraceptifs oraux. Une grossesse ou des complications de la grossesse, et notamment la prééclampsie figurent également sur la liste établie par les auteurs. Ces facteurs sont extrêmement communs, et seule une petite fraction des femmes qui en présentent un ou plusieurs connaîtront un AVC au cours de leur vie.
Les auteurs ajoutent que d'autres facteurs de risque, comme la prise d'une contraception œstroprogestative transdermique ou d'une contraception basée sur une pilule progestative, nécessitent encore d'être explorés. Ils estiment par ailleurs qu'il faudra à l'avenir se poser la question de l'inclusion de ces facteurs de risques spécifiques aux femmes dans les modèles de prédiction du risque cardiovasculaire.
Dans un deuxième article, des chercheurs se sont intéressés plus précisément au problème de la prééclampsie. Cette hausse de la tension artérielle au cours de la grossesse peut évoluer vers une phase aiguë, l'éclampsie, caractérisée par des convulsions sévères pouvant engager le pronostic vital. Selon la revue de la littérature effectuée par les auteurs le risque d'AVC est augmenté de 80 % chez les femmes ayant des antécédents de prééclampsie.
Les 2 sexes ne sont pas égaux
Le 3e article de la série confirme des données qui ont émergé il y a déjà quelques années : les facteurs de risques classiques et communs aux 2 sexes (diabète, syndrome métabolique, fibrillation atriale et migraines) sont associés à un surrisque d'AVC plus important chez les femmes que chez les hommes.
Non seulement les AVC sont plus fréquents chez les femmes, mais ces dernières courent également un risque plus grand de conséquences importantes. C'est l'objet du 4e article, selon lequel les femmes ayant eu un AVC souffrent plus souvent des conséquences fonctionnelles de la maladie que les hommes et sont plus facilement sujettes à la dépression. Les femmes victimes d'AVC n'ont cependant pas plus de troubles cognitifs que les hommes.
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