Bilan 2019 : les défis de l'environnement

Baisse de fertilité : les perturbateurs endocriniens mis en cause

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Publié le 24/12/2019
L’exposition à certains produits chimiques pourrait avoir un impact sur les organes génitaux, avec pour conséquence des risques de pathologies, des problèmes de reproduction…
spz

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Crédit photo : SPL/PHANIE

[Pour son dernier numéro de l’année, Le Généraliste s’est intéressé aux défis de l’environnement auxquels sont confrontés les médecins. Du 23 au 31 décembre, nous publions les articles de ce numéro bilan.]

L’OMS, la Fédération internationale de gynécologie obstétrique, des travaux d’expertise de l’Inserm : tous ont pointé du doigt l’implication de substances chimiques dans la survenue de troubles de la fertilité, mais aussi de pathologies de la grossesse, etc. Un travail publié dans le BEH en 2018 montre « une altération globale de la santé reproductive masculine en France, cohérente avec la littérature internationale, probablement depuis les années 1970 pour la qualité du sperme ». Pour les auteurs, elle serait liée à des changements environnementaux, incluant l’exposition ubiquitaire croissante aux perturbateurs endocriniens (PE). La liste est longue, les PE étant entre autres présents dans les pesticides et produits chimiques industriels : DDT, lindane, atrazine, méthoxychlore, Kepone ou chlordécone, dioxines, bisphénols, etc. Les perturbateurs endocriniens environnementaux (PEE) interfèrent avec l’axe gonadotrope et les hormones stéroïdes sexuelles, avec un impact sur les organes génitaux. Ainsi, chez les hommes, les études expérimentales montrent que les cryptorchidies et hypospadias résultent d’une insuffisance d’imprégnation en androgènes lors du développement fœtal qui pourrait dépendre d’expositions in utero à des PE anti-androgènes et estrogènes, indique le BEH. « Les tendances de santé reproductive masculine observées aujourd’hui pourraient refléter les expositions de générations antérieures, par exemple au DDT ou aux dioxines », ajoute l’article. Côté féminin, les conséquences sont aussi importantes, comme l’explique le Dr Thérèse Greck, gynécologue-endocrinologue, responsable d’une consultation pré-conceptionnelle : « Même si chez les femmes, il est plus difficile d’analyser l’impact des PEE sur la fertilité, ils sont mis en cause dans les insuffisances ovariennes précoces, et dans la survenue d’ovaires polykystiques et d’endométriose. Mais à côté de ces substances, il ne faudrait pas oublier le tabac qui a un fort impact sur la fertilité. »

Enquête d’exposition

Dans le cadre des plans national et régional (Nouvelle Aquitaine) santé environnement, à Bordeaux a été créé le Centre Artémis. Son objectif est de prendre en charge des personnes avec des troubles de la reproduction, rechercher d’éventuelles expositions environnementales et proposer des mesures de prévention. « Ce type d’investigation nécessite de rechercher une exposition aux PEE dans l’environnement atmosphérique, alimentaire, dans le travail et les loisirs. On sait par exemple que les podologues, les coiffeurs y sont exposés, tout comme le sont beaucoup de personnes habitant près de zones à agriculture intensive en raison de nombreux pesticides utilisés », détaille le Dr Greck.


Source : lequotidiendumedecin.fr