C'est encore une affaire de bizutage qui défraie la chronique, après des affaires similaires à Créteil et à Poitiers l'an passé. Le week-end d'intégration prévu ces 27 et 28 octobre à la fac de médecine de Caen n'aura pas lieu. La direction de l'université de Caen vient en effet de décidé de l'annuler. Une enquête de police a été ouverte après que deux syndicats ont signalé à la justice des faits de bizutage à la faculté de médecine de Caen. Il s'agira de "faire la lumière sur des faits remontant à l'année dernière", a indiqué la procureure de la République de Caen Carole Étienne. "Des auditions vont avoir lieu", a-t-elle précisé.
Les syndicats Sud Éducation et SL Caen (Solidaires Étudiant(e)s) ont été alertés en mars dernier par une affiche annonçant le gala de la fac de médecine. On pouvait y voir des hommes en toges romaines entourant, le sourire aux lèvres, une femme à terre, dénudée et ensanglantée. Après avoir obtenu son retrait auprès de la présidence de l'université, les syndicats ont mené une enquête sur les réseaux sociaux et se sont indignés de leurs découvertes sur le groupe Facebook de la corpo médecine.
Y figurait notamment une liste de 69 commandements à réaliser chaque rentrée par les étudiants de deuxième année afin de marquer des points, preuves vidéo à l'appui. Distillés au compte-gouttes, ils mélangeaient actions louables ("payer un sandwich à un clochard", "faire un don du sang"), blagues potaches et humiliations à caractère sexuel, jusqu'à la réalisation d'un film pornographique. De quoi instaurer "un climat propice aux relations non consenties et agressions sexuelles", selon Clément, du syndicat étudiant SL Caen, qui pointe la "culture du secret" régnant au sein de la corpo médecine.
"Les étudiants en médecine revendiquent pour beaucoup une sexualité très libre. J'ai fait des choses que je ne faisais pas auparavant, poussée par l'esprit de groupe", témoignait lundi à ce propos une étudiante dans Ouest-France.
Prévenue par les syndicats, la direction de l'université de Caen a réagi en convoquant d'abord la responsable de la corpo médecine, avant d'annuler le weekend d'intégration. "Les événements festifs sont généralement bien encadrés. Mais nous ignorions l'existence de ces commandements, réalisés en amont à titre individuel. Certains sont potaches, d'autres illégaux s'ils ont effectivement eu lieu", a déclaré à l'AFP le président de l'université de Caen, Pierre Denise. Il s'est par ailleurs engagé à mettre en place "un contrôle plus strict" des fêtes étudiantes et "une formation obligatoire pour l'ensemble des responsables des associations étudiantes".
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