Albert Hofmann découvre les propriétés pharmacologiques du LSD après en avoir ingéré par accident. Le chimiste suisse, diplômé de l’université de Zurich, travaillait depuis 1938, dans le cadre de ses recherches sur l’ergot de seigle, sur différents dérivés amides de l’acide lysergique. C’est ainsi qu’il avait synthétisé à cette époque le dyéthylamide LSD -25 sans lui trouver aucune application exploitable sur le plan pharmaceutique. LSD était l’acronyme de LysergSäureDiethylamid (Diéthylamide de l'acide lysergique)
Hoffman oublia donc pendant quelques années ce qu’il pensait être une découverte sans intérêt mais le 16 avril 1943, pour quelque obscure raison, le chimiste suisse décida de produire à nouveau du LSD. Et dans un moment d’inattention, il en ingéra une petite quantité après s’être frotté les yeux. Agité et pris de malaise, il décide de rentrer chez lui à vélo. Pendant deux heures, les visions psychédéliques et kaléidoscopiques vont se succéder dans son cerveau… Par la suite, les adeptes du LSD baptiseront l’expérience d’Hoffman de « Jour du vélo » !
Peu de temps après, Hoffman décida de tester à nouveau volontairement le LSD en ingérant ce qu’il estimait être la plus quantité nécessaire propre à produire un effet, expérience qu’il a ainsi décrite :
- 16: 20 Absorption de la substance.
- 17: 00 Début d'étourdissement, angoisse, troubles de la vue, paralysies, rires. Retour en vélo à la maison. Crise la plus forte vers 18-20 heures.
Ce n'est qu'avec beaucoup d'effort que je pus écrire les derniers mots. […] les modifications et les sensations étaient du même genre [que la veille], seulement bien plus prononcées. Je ne pouvais plus parler de manière intelligible qu'au prix d'efforts extrêmes, et demandai à ma laborantine, que j'avais mis au courant de l'expérience, de m'accompagner jusque chez moi. Rien que lors du trajet en vélo […] mon état prit des proportions inquiétantes. Tout ce qui entrait dans mon champ de vision oscillait et était déformé comme dans un miroir tordu. J'avais également le sentiment de ne pas avancer avec le vélo, alors que mon assistante me raconta plus tard que nous roulions en fait très vite. [Arrivé à la maison,] les étourdissements et la sensation de faiblesse étaient par moments si forts que je ne pouvais plus me tenir debout et était contraint de m'allonger sur un canapé. Mon environnement se transforma alors de manière angoissante. […] les objets familiers prirent des formes grotesques et le plus souvent menaçantes. Ils étaient empreints d'un mouvement constant, animés, comme mus par une agitation intérieure. La voisine […] n'était plus Madame R. mais une sorcière maléfique et sournoise au visage coloré,
Plus tard dans la soirée. Je commençai alors progressivement à apprécier ce jeu insolite de formes et de couleurs qui continuait derrière mes yeux fermés. Des formes fantasmagoriques et bariolées déferlaient sur moi en se transformant à la manière d'un kaléidoscope, s'ouvrant et se refermant en cercles et en spirales, jaillissant en fontaines de couleur, se réorganisant et se croisant, le tout en un flot constant. Je remarquai notamment la façon dont toutes les perceptions acoustiques, telles que le bruit d'une poignée de porte ou celui d'une voiture passant devant la maison, se transformaient en sensations optiques. Chaque son produisait une image animée de forme et de couleur correspondante.
Hoffman résumera ainsi laconiquement sa découverte fortuite : « le LSD est venu à moi… »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature