« C'est pas normal que la médecine tue ceux qui l'exercent ! »

Publié le 21/01/2017

Coup de gueule, avis d’expert, coup de cœur ou témoignage… La rédaction du « Quotidien » distingue chaque semaine un ou plusieurs commentaires, parmi les centaines postés au fil des jours par les lecteurs internautes.

Ce médecin, lecteur du « Quotidien » a perdu son associé, victime de burn-out. Au « Télégramme », il confiait il y a quelques jours sa colère, invitant ses confrères à réagir avant qu'il ne soit trop tard et à ne pas subir la médecine qu'on leur impose. Il s'adresse une nouvelle fois aux médecins dans ce témoignage publié en ligne.

Chers confrères, j’ai gardé mon pseudo par discrétion envers mon associé. 26 ans de travail en commun, ce n’est pas rien. Le burn-out, je l'ai frôlé, je me suis confié à celui qui allait mettre fin à sa vie, je n’avais pas vu qu'il était en plein dedans. Ce burn-out, je l'ai combattu dès 2013. J’ai écrit à notre ministre alors qu'elle préparait sa loi santé en mars 2015, j'ai montré la lettre à mon associé qui m'a dit : « Ça sert à rien ». Et voilà, il est parti après une première tentative en octobre 2015, et moi, je n’ai rien vu venir.

J'ai réécrit à notre ministre, je n'ai eu que ses condoléances. Alors, une colère est montée, et j'ai repris mon ordi et j'ai encore écrit, au ministère, en lettre RAR (directeur général de la santé), aux ordres (départemental, régional et national), à l'ARS de Bretagne et là rien, aucune réponse. Seul, le directeur de la CPAM m'a reçu, 1 h 1/4, dans son beau bureau à Brest. Le « Télégramme de Brest » m’a contacté et voilà, c'est parti.

Ce n’est pas pour moi que je me bats, moi je vais ranger mon stétho après 44 ans de vie consacrée à la médecine (études comprises). C'est pour vous, les futurs médecins, les jeunes et les plus anciens installés. C'est pour que vous ne viviez pas le même calvaire que moi, que vous n'ayez pas des larmes à couler pour un confrère. C'est pour que vous vous preniez en main.

Ce n’est pas normal que la médecine de maintenant tue ceux qui l'exercent ! Quant à ma secrétaire, ça a été dur de la licencier, mais quand on doit faire un emprunt pour la payer, il faut prendre des décisions douloureuses mais radicales.

Battez-vous ! Nous faisons tous le même métier, le plus beau pour moi. Comme Irène Frachon, aussi brestoise, j'ai lancé une alerte avec, comme elle, des obstacles. Pour ceux qui souffrent, ceux qui sont censés n'être jamais malades pour leurs patients, battez-vous pour que notre médecine redevienne la plus belle médecine au monde, celle qui soigne au mieux et celle qui respecte ceux qui l'exercent, nous. À tous, je vous souhaite une bonne vie de médecin et vous salue très confraternellement.


Posté le 15 janvier 2017. Voir tous les commentaires sur le sujet : « Burn-out : un médecin veut « créer un électrochoc » chez ses confrères avant sa retraite »


Source : lequotidiendumedecin.fr