PASSER de 8 à 24 millions d’euros de budget. Cette multiplication par trois pourrait faire l’événement, l’année où le retour de Lance Armstrong dans le Tour de France suscite justement un certain embarras parmi les responsables de la lutte antidopage. Ce triplement permettrait au LNDD (Laboratoire national de dépistage du dopage de Châtenay-Malabry) d’augmenter sensiblement le nombre de ses contrôles. Cette année, il en pratiquera 9 000, dont 1 500 pour le compte des fédérations internationales qui organisent des événements en France. Le nombre des prélèvements sanguins doit être significativement augmenté, annonce-t-il, afin de détecter hémoglobine de synthèse, transfusions homologues et hormone croissance. « Mais si le parlement vote le triplement de notre budget, comme on peut raisonnablement l’espérer, étant donné le consensus qui existe à ce sujet entre les élus, c’est d’abord le LNDD qui en profitera, estime le Pr Michel Rieu, conseiller scientifique de l’AFLD. Plus d’analyses en laboratoire, note-t-il, entraîneront plus d’opérations de prélèvements et nécessiteront le renforcement du dispositif d’acheminement des échantillons. »
La recherche sera aussi la grande bénéficiaire de cette rallonge budgétaire. Alors qu’aujourd’hui l’Agence abonde ses budgets de recherche à hauteur de quelque 250 000 euros par an, on pourrait passer à une enveloppe de 2 millions. De quoi doper, si l’on ose l’écrire, les moyens des équipes dans deux directions : « D’une part, explique le Pr Rieu, le financement de la veille concernant les nouvelles molécules susceptibles d’intéresser les tricheurs pourra être mieux assuré. D’autre part, nous serons à même de flécher les contrôles en conséquence. »
Sont visées notamment, précise-t-il, les molécules qui agissent sur la myogenèse et le métabolisme de la fibre musculaire, de la fibre cardiaque ou de la fibre hépatique ; celles qui transportent l’oxygène et irriguent les fibres, sans oublier celles qui contrôlent l’expression des gènes dans le cadre de la pharmacologie dite intelligente.
Mais ce triplement budgétaire ne pourrait-il pas constituer, en même temps, l’aveu des insuffisances actuelles de notre dispositif antidopage ? « Tout au contraire, réplique le Pr Rieu. C’est précisément parce que nous avons apporté la preuve de notre efficacité, en particulier lors des contrôles effectués par nos soins pour le Tour de France 2008, que le parlement est aujourd’hui fondé à nous fournir une telle rallonge. »
Le Parlement, en la circonstance, supplée une certaine inertie du gouvernement. Bernard Laporte, le secrétaire d’État aux Sports, n’a toujours pas réagi aux relances que lui a adressées le groupe d’études Éthique et dopage. Quant à Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé et des Sports, échaudée par le flop du passeport sanguin qu’elle avait lancé en 2007, elle ne semble plus très empressée sur le terrain de la lutte antidopage.
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