La prévalence de l’insuffisance cardiaque (IC) augmente fortement avec l’âge, atteignant 15 % des personnes âgées de plus de 85 ans. Alors que l’incidence de l’IC à fraction d’éjection réduite semble s’être stabilisée, l’IC à fraction d’éjection préservée continue de se majorer au prorata du vieillissement de la population. L’IC constitue aussi la première cause d’hospitalisation après 60 ans, avec plus de 165 000 hospitalisations annuelles. Il existe une répartition régionale inégale de l’incidence des hospitalisations pour IC, les taux les plus élevés étant observés dans les Hauts-de-France et les plus bas sur le pourtour méditerranéen et la région parisienne. L’âge moyen des insuffisants cardiaques est de 77 ans et atteint 79 ans pour les patients hospitalisés. Le sexe ratio est d’environ 50 % mais diffère avec l’âge des patients. Une dominance féminine est observée chez les plus âgés, les femmes représentant 68 % des sujets de plus de 85 ans.
62 % d’antécédents d’hypertension
Les étiologies de l’IC sont dominées par les cardiopathies hypertensives et ischémiques, qui ne s’excluent pas. Des antécédents d’hypertension artérielle (HTA) sont retrouvés chez 62 % des patients et une maladie coronarienne chez 44 % des sujets dans le registre OFICA. Les autres étiologies se répartissent entre valvulopathies (23 %) et cardiomyopathies. Quant aux comorbidités, elles sont fréquentes : le diabète est retrouvé dans 31 % des cas, la BPCO 21 %, l’insuffisance rénale sévère 15 % et l’obésité 29 %. Un bilan étiologique complet est donc nécessaire à la recherche d’une étiologie curable, notamment coronarienne ou valvulaire. En effet, alors que les cardiopathies ischémiques ont un pronostic plus sévère, la réalisation d’une revascularisation améliore la survie des insuffisants cardiaques.
À l’origine de 73 000 décès/an
L’IC reste une maladie grave, notamment en cas de nécessité d’hospitalisation. La mortalité hospitalière est d’environ 8 %, supérieure à celle de l’infarctus du myocarde. La durée du séjour hospitalier dure en moyenne 10 jours. Le risque de réhospitalisation est élevé : 20 % à un mois, particulièrement après une première hospitalisation, et 50 % à six mois. Au long cours, malgré une diminution des taux de décès standardisés sur l’âge d’environ 20 % chaque décade, le pronostic reste sombre avec un taux de mortalité à 5 ans de 60 % après une hospitalisation pour IC. Le taux de décès annuel est de 17 %, 4 fois plus élevé que dans la population générale, et s’élève à 24 % après une première hospitalisation. L’IC serait ainsi la cause de 73 000 décès chaque année, c’est-à-dire 7 fois plus que l’infarctus du myocarde. De plus, son retentissement fonctionnel et psychologique est important. En effet, 56 % des patients souffrant d’IC qualifient leur état de santé de « mauvais » ou « très mauvais » et la moitié s’estiment fortement limités dans leurs activités quotidiennes.
L’IC représente également un problème majeur de santé publique où l’hospitalisation constitue le premier poste de dépense, à l’origine de 70 % des frais.
(1) Fédération de cardiologie, CHU Toulouse-Rangueil
(2) UMR UT3 CNRS 5288 Evolutionary Medicine, Obesity and heart failure: molecular and clinical investigations. INI-CRCT F-CRIN, GREAT Networks
(3) Université Paul Sabatier-Toulouse III
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