La hotte du Père Noël serait empoisonnée. Les consoles, smartphones, tablettes ordinateurs, dont elle est de plus en plus débordante, tombés de la cheminée pourraient bien mettre la santé des enfants en péril en propageant le virtuel dans leurs failles narcissiques et en profitant de leur vulnérabilité neurologique.
« Certes, le risque d’épilepsie est très faible, rassure le Dr Philippe Kahane, responsable du laboratoire de physiopathologie de l’épilepsie du CHU de Grenoble, mais les crises photosensibles représentent tout de même 1 % de toutes les formes d’épilepsie, soit 5 000 patients-risque sur 500 000 enfants qui déchirent leurs paquets-cadeaux informatiques en poussant des cris de joie. On n’a pas établi la preuve que les stimulations lumineuses des écrans pouvaient provoquer des crises, on n’a pas démontré au plan neurologique que les jeux vidéo pouvaient favoriser des maladies, mais on sait que certaines maladies sont susceptibles d’être aggravées à cause de la fatigue, du stress, des privations de sommeil, tous facteurs activés par le temps passé devant les écrans. »
« Il est nécessaire d’alerter sans dramatiser sur les mésusages par les enfants des écrans, insiste le Pr Antoine Pélissolo, chef du pôle addictologie du CHU Henri-Mondor (Créteil), sans aller jusqu’à l’interdiction pure et simple pour des enfants vulnérables (sujets à hyperactivité, déficit de l’attention), il faut veiller à un temps de repos minimum, comme une forme de respiration ou de récupération cérébrale. À défaut de récupération, nous observons que des zones du cerveau se mettent à communiquer entre elles dans une logique non fonctionnelle dont on n’a pas encore percé le mystère. »
Surpoids, dépression, addiction
Dès 2013, dans un rapport présenté le Pr Jean-François Bach, l’Académie des sciences a mis en garde contre « les effets néfastes liés à une utilisation trop précoce ou à une surutilisation des écrans ; surpoids, dépression ou autres manifestations relevant de la psychiatrie, sans parler d’une éventuelle addiction, peuvent être observés en lien avec le mésusage des écrans par les enfants. » Dans ce nouveau monde numérique que le Père Noël deale dans les cheminées, les enjeux de développement émotionnel et affectif, relationnel et social, physique et psychique de l’enfant seraient critiques.
Les écrans, souligne l’Académie, sont capables du meilleur (l’éveil, la sollicitation de l’intelligence, la socialisation) comme du pire (la dépendance pathologique, l’oubli de la vie réelle et l’illusion, repli sur soi, manque de sommeil, défaut d’attention ou de concentration). L’Académie des sciences recommande donc de ne pas prolonger plus de deux heures par jour l’exposition du jeune enfant à son écran, tout en constatant qu’il n’y a pas de consensus établi sur le risque d’addiction.
L’INPES (Institut national pour l’éducation à la santé) déplore l’absence d’études quantitatives, ce qui ne l’empêche pas d’alerter sur « des pratiques potentiellement très addictogènes » (rapport de janvier 2015). Parmi elles, les écrans 3 D sont particulièrement visés ; il faut les déconseiller aux moins de six ans et en modérer l’usage au moins de 13 ans, recommande l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments, de l’environnement et du travail (ANSES, rapport de novembre 2014).
Bref, les livraisons du Père Noël devraient être placées sous contrôle parental.
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