« Qui a déjà entendu parler des autotests d’allergie disponibles en pharmacie ? » Face à cette question, posée à l’audience par le Dr Céline Palussière (Cenon), peu de mains se lèvent. Pourtant, souligne l’allergologue, les patients, eux, connaissent de plus en plus ces dispositifs.
Car les autotests se sont multipliés ces dernières années, y compris en allergologie, avec des tests d’identification des allergies aux acariens, poils de chats ou chiens, graminées, aliments, etc. Et cet engouement pour les autotests ne devrait pas se tasser. « Les patients (sont en demande de) réponses rapides alors même que l’accès aux spécialistes reste difficile », analyse le Dr Palussière.
Or tous les autotests ne se valent pas. Pour distinguer les tests fiables des produits plus douteux, le Dr Palussière suggère d’abord de privilégier les tests dispensés en officine disposant d’un marquage CE – qui « répondent à des normes étroites de mise sur le marché, de conception, etc. ». Au contraire, nombre de tests disponibles sur internet « proposent un peu n’importe quoi », déplore le Dr Palussière, citant par exemple un autotest de détection de « l’allergie à l’histamine » !
Toutefois, même parmi les tests d’allergie disposant d’un marquage CE, « les résultats restent (souvent) peu probants », ou du moins non garantis par « une documentation technique fiable », déplore le Dr Palussière. Ainsi, l’autotest Mytest Allergie, de Mylan, qui comptait parmi les premiers du genre, proposait d’identifier tout un panel d’allergies sur la base d’un excès d’IgE totales sans toutefois que le seuil de détection soit précisé dans la notice ou sur le conditionnement.
Car contrairement, par exemple, au Trod VIH, nécessitant une homologation par un organisme notifié, pour les autotests d’allergie « ayant un impact faible sur la santé du patient », seule une autocertification est requise, explique le Dr Palussière.
Certains voient même leur crédibilité potentiellement entachée par des stratégies commerciales, l’allergologue évoquant un test belge d’allergie aux acariens certes évalué par une étude clinique conduite chez une centaine de volontaires mais proposé par un fabricant… de produits anti-acariens.
Finalement, le Dr Palussière conseille de se fier surtout aux tests basiques, fondés sur les recommandations, « comme les tests de dépistage de l’intolérance cœliaque au gluten » intégrant un contrôle par IgA totales. Et à ses yeux, les autotests peuvent aussi être utilisés pour des allergies relativement bénignes. Au fond, « pour le dépistage d’une allergie aux acariens, pas besoin d’un allergologue », estime-t-elle. Même si une expertise médicale, avec recours à un professionnel de santé, reste dans tous les cas « indispensable ».
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