Depuis quelques années, la bande dessinée s’empare très souvent de sujets de société. Les précédents albums de Quentin Zuttion questionnaient la grossophobie, les violences conjugales ou la notion de genre. Dans La Dame blanche, il fait entrer son lecteur dans la résidence des Coquelicots.
Au fil des pages, nous faisons la rencontre de Sophie, une vieille dame qui s’accroche furieusement à ses souvenirs d’adolescence ; de Germano, que ses enfants n’osent plus venir voir mais que sa petite-fille visite régulièrement ; ou de madame Thomas, qui se coupe résolument de la réalité.
Une douce palette d’émotions
Mais si l’artiste parvient à nous emmener au plus près des personnes âgées dépendantes, c’est notamment parce que son personnage principal, Estelle, y travaille en tant qu’infirmière. Ce roman graphique montre en quoi ces professionnelles de la santé sont souvent les personnes qui les comprennent le mieux. La jeune femme « les soigne, les nourrit, les fait rire, les prend dans ses bras » et les voit partir. Un métier éprouvant et pourtant si peu considéré. Estelle s’implique affectivement, quitte à trop s’attacher. Et, parfois, à prendre des décisions qui ne relèvent pas de sa fonction.
Au fil des pages, le lecteur découvre les angoisses profondes des résidents face à la maladie, la mort ou la solitude. Mais aussi leurs joies – chanter ensemble, câliner un chat… –, leurs vieux souvenirs étonnamment vivaces et leurs espoirs. Si certains sujets délicats sont abordés de manière frontale – sexualité des résidents, toilette mortuaire… –, l’album ne provoque jamais le malaise. Le talent de Quentin Zuttion reste par ailleurs au service d’un graphisme de qualité et d’un scénario efficace.
Céline Reichel
La Dame blanche, Quentin Zuttion, Le Lombard, 208 pages, 23,50 euros
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