L’association ou la survenue chronologique d’une dermatite atopique et d’allergies alimentaires ou respiratoires est assez fréquente chez le jeune enfant.
Dermatite atopique, allergie alimentaire, rhinite allergique et asthme seraient l’expression de phénomènes communs caractérisés par un défaut des fonctions barrières de la peau, mais aussi des muqueuses respiratoire et digestive ce qui conduirait à favoriser l’acquisition d’allergies. « Ainsi, à la lumière de ces nouvelles connaissances physiopathologiques, on pourrait parler de syndrome dermo-digestivo-respiratoire », explique le Dr Nhân Pham Thi (pneumo-allergologue, Paris).
Une altération de la fonction barrière de la peau
Dans la dermatite atopique, l’altération de la fonction barrière de l’épithélium cutané (par exemple liée à des mutations du gène de la filaggrine) permet une pénétration accrue des irritants et des allergènes environnementaux, entraînant l’atteinte des différentes cibles que sont les muqueuses respiratoire et digestive et serait une porte d’entrée dans la maladie allergique. « À cela s’ajoute une perturbation du système immunitaire qui est hypersensible », ajoute le Dr Nhân Pham Thi « Ces deux aspects, défaut de barrière et système immunitaire plus sensible, s’expriment différemment chez un même sujet au cours de sa vie, sous l’influence de cofacteurs externes et internes : polluants, hormones… ».
Le syndrome « dermo-digestivo-respiratoire »
À partir de l’observation de cohortes néonatales, on s’aperçoit qu’il existe des phénotypes cliniques particuliers. Les enfants présentant un syndrome dermo-digestivo-respiratoire ont très rapidement, dans les premiers mois de la vie, un eczéma sévère avec une peau très sèche et réactive, un reflux, des signes de rhinite persistante puis allergique, une allergie retardée aux protéines de lait de vache, d’autres allergies alimentaires. Vers 2-3 ans, ils sont allergiques aux acariens (puis aux pollens) et ils développent un asthme nécessitant un traitement de fond vers l’âge de 5-6 ans.
La précocité et la sévérité de la dermatite atopique et les antécédents familiaux d’atopie sont des facteurs pronostiques péjoratifs vis-à-vis du risque respiratoire.
L’allergie alimentaire peut se faire via le tube digestif ou à travers la barrière cutanée défaillante. « En fait, elle commence souvent par une sensibilisation transcutanée avec des allergènes alimentaires », explique le Dr Nhan Pham Thi. Ainsi, les enfants porteurs d’une dermatite atopique, et allergique à l’arachide peuvent avoir été exposés à des cacahuètes consommées autour d’eux. « La survenue de l’allergie alimentaire à la cacahuète serait plus fréquente chez les enfants atopiques sévères qui ont une forte teneur en allergènes de cacahuète dans la poussière de leur habitat ». On peut pratiquer des tests cutanés (prick test) et le dosage des IgE spécifiques sériques pour confirmer le diagnostic.
La prise en charge repose tout d’abord sur la restauration de la fonction barrière de la peau (émollients, dermocorticoïdes). Au niveau respiratoire, on conseille des lavages de nez fréquents en cas de rhinite et des corticoïdes inhalés. Au niveau digestif, il faut diversifier l’alimentation le plus rapidement possible. Il faut également limiter les cofacteurs irritants (tabac, polluants chimiques, composés organiques volatils…). Enfin, dans l’avenir, on peut espérer pouvoir agir sur le microbiote qui communique avec le système immunitaire et avec l’environnement.
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