Le Fusobacterium nucleatum est une bactérie connue pour jouer un rôle important dans l'apparition du cancer colorectal, en réprimant la réponse immunitaire dirigée contre les cellules tumorales. Dans un article publié jeudi dans « JAMA oncology », le Dr Raaj Mehta et ses collègues de l'école médicale de Harvard ont voulu répondre à une question : est-ce qu'un régime riche en fibres et en farine complète peut influencer le risque d'oncogenèse lié à cette bactérie ? Ils concluent qu'un régime riche en fibres diminue le risque de tumeur F. nucleatum-positive (c’est-à-dire des tumeurs dans lesquelles de l'ARN de cette bactérie a été retrouvé). Dans la même étude, ils notent qu'un régime occidental riche en viande ne semble pas avoir d'impact significatif.
Menu occidental ou riche en fibres
Les auteurs ont monté une cohorte prospective à partir des participants de la cohorte de la Nurses' Health Study et de l'étude de suivi des professionnels de santé américains (Health Professionals Follow-up Study). En tout, les données de 89 768 infirmières âgées de 30 à 55 ans et de 47 449 médecins de 40 à 75 ans ont été incluses dans l'analyse finale. Les patients ont été répartis en quatre groupes, catégorisés selon leur consommation de fibres. Une autre stratification a été faite en fonction de l'adhérence à un régime alimentaire « occidental » riche en viande.
Un total de 1 019 cas de cancers colorectaux a été documenté, au cours d'un suivi de plus de 3,6 millions de personnes-années. Les patients du groupe ayant consommé le plus de fibres avaient 57 % de risque de tumeur colorectale positive au Fusobacterium nucleatum comparés aux patients du groupe consommant le moins de fibres.
Le risque de cancer Fusobacterium nucleatum négative, en revanche, était le même dans l'ensemble des groupes. Par ailleurs, un régime riche en viande n'était pas associé à un risque significativement différent de développer une tumeur contenant du Fusobacterium nucleatum.
Selon ces résultats, un régime riche en fibres a un effet préventif vis-à-vis du cancer colorectal, via son action sur le microbiote et notamment sur la régulation des colonies de bactéries Fusobacterium nucleatum. Selon les auteurs, un tel régime alimentaire provoque une plus grande richesse du microbiote avec une augmentation du nombre de bactéries concurrentes du Fusobacterium nucleatum. Des études seront nécessaires pour déterminer s'il est possible d'obtenir le même effet en utilisant des probiotiques.
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