La mesure n’a pas manqué de faire tousser certains médecins. Par un arrêté paru au JO du 11 mai, le ministère de la Santé vient d’entériner la prescription pharmaceutique de certains antibiotiques pour « les pollakiuries et brûlures mictionnelles non fébriles chez la femme de 16 à 65 ans » et en cas « d’odynophagie chez les patients de 6 à 45 ans ». En d’autres termes, sous réserve qu’il officie dans le cadre d’un exercice coordonné (MSP, CPTS, centres de santé ou ESP) et qu’il en informe le médecin traitant, le pharmacien de ville pourra donc traiter cystites simples et angines non compliquées.
Ce coup de canif dans le quasi-monopole des médecins sur la prescription médicamenteuse n’est pas, en soi, une surprise. Le principe de la dispensation directe en officine de certains médicaments – normalement soumis à ordonnance – avait déjà été acté par la loi de Santé 2019, suscitant à l’époque indignation côté médecins et satisfecit côté pharmaciens. L’arrêté du 11 mai ne fait donc finalement que préciser les choses. Et pourtant, le libellé interpelle.
À une époque où le bon usage des antibiotiques est devenu un leitmotiv pour lutter contre l’antibiorésistance, leur délivrance en officine sur la foi de symptômes interroge et repose la question de la place de l’examen clinique. Certes, pour la cystite, le diagnostic est essentiellement un diagnostic d’interrogatoire et certains pharmaciens « dépannent » déjà probablement leurs patientes dans certains cas. Mais pour les angines, la donne est un peu différente. Alors que les recos de la Spilf indiquent noir sur blanc qu’un « traitement antibiotique ne doit pas être initié sur des symptômes, mais après un diagnostic précis », les pharmaciens pourront-ils passer outre et se contenter du constat de maux de gorge ? Alors que les autorités poussent les médecins à réaliser un TDR angine avant toute antibiothérapie, relèveront-ils de ma même exigence ?
En posant les bases d'une véritable consultation de dispensation, les protocoles déterminant les conditions de délivrance (et de formation préalables des pharmaciens) devraient rassurer. En attendant, la prescription pharmaceutique d’antibiotiques fait tiquer ...
Bénédicte Gatin, rédactrice en chef
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