L'endométriose est une maladie gynécologique chronique, touchant environ 15 % des femmes en âge de procréer et dont la fréquence augmente.
30 % à 50 % des femmes stériles le sont à cause de l'endométriose. « Malgré tous les progrès réalisés sur le plan de l'imagerie, le délai reste encore trop long entre le moment où les symptômes se révèlent et où le diagnostic est fait. Il se passe en moyenne 6 à 8 ans », explique le Pr Olivier Graesslin (CHU de Reims).
Un diagnostic trop différé
L'atteinte de différents organes est, en effet, variable selon les femmes, ce qui rend son diagnostic complexe. Les principaux symptômes sont les « six D » : dysménorrhée, dyspareunie profonde, douleur pelvienne chronique, dysovulation, dysurie et défécation douloureuse (dyschésie) sont autant de points d'appel. Mais l’endométriose peut aussi être asymptomatique dans certains cas.
« Cette pathologie n'est pas clairement élucidée sur le plan physiopathologique, même s'il existe de nombreuses pistes. Les chercheurs soupçonnent, en plus des hypothèses déjà évaluées, l'impact de certains polluants environnementaux », déclare le Pr Graesslin.
L'endométriose peut se présenter sous trois principaux aspects : une pathologie péritonéale superficielle à l'origine de dysménorrhées secondaires ; une endométriose ovarienne (kystes endométriosiques ou endométriomes) ; une endométriose pelvienne profonde, qui entraîne des difficultés sur le plan thérapeutique car elle infiltre les organes pelviens (rectum, vessie, vagin et ligaments utérosacrés) et est responsable de douleurs souvent importantes.
« La douleur importante pendant les rapports sexuels, lors des mictions ou de la défécation doit alerter et oriente vers le type d’atteinte : on parle de douleur localisatrice », ajoute le Pr Graesslin. Il peut en effet exister une atteinte rectale ou rectosigmoïdienne ou encore colique voire appendiculaire (signes digestifs) et des atteintes urinaires (avec symptômes de type dysurie, hématurie).
L'imagerie (échographie pelvienne, IRM pelvienne avec balisage rectal et vaginal) permet de poser le diagnostic. En cas de suspicion d'atteinte de la paroi digestive, on peut pratiquer un coloscanner ou une échoendoscopie rectale. « Une cartographie précise et complète des lésions est, en effet, un préalable indispensable à une prise en charge de qualité », souligne le Pr Graesslin.
Un traitement multidisciplinaire
En cas d'endométriose asymptomatique, les femmes font l'objet d'une simple surveillance.
En cas de douleurs et lorsque la patiente n'a pas de désir de grossesse, le traitement de première intention est un traitement médical hormonal destiné à provoquer une aménorrhée (contraceptifs œstroprogestatifs, progestatifs, analogues de la GnRH), réduisant ainsi les douleurs. La chirurgie est indiquée en cas d'échec au traitement médicamenteux.
En cas d'infertilité, chez une patiente en désir de grossesse, une assistance médicale à la procréation et/ou une chirurgie en 1re ou 2e ligne est à discuter en réunion de concertation pluridisciplinaire.
« Au final, lorsque la chirurgie est bien indiquée et bien réalisée, dans plus de 90 % des cas, les douleurs sont supprimées et la qualité de vie améliorée. En cas d'infertilité, la chirurgie améliore le taux de grossesse spontanée de 50 % et de 70 à 80 % en cas d'assistance médicale à la procréation », précise le Pr Graesslin.
Aux stades les plus sévères, les lésions envahissant le rectum, la vessie ou l'appareil digestif sont difficiles à enlever et nécessitent l'avis et l’expertise d'autres spécialistes. « Cela légitime pleinement la création de centres experts, multidisciplinaires au sein desquels un bilan exhaustif et un traitement adapté peuvent être réalisés dans de parfaites conditions », conclut le Pr Olivier Graesslin.
D'après un entretien avec le Pr Olivier Graesslin, CHU de Reims
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