De 12 000 à 15 000 nouveau-nés sont chaque année hospitalisés en unité de néonatalogie, dans un environnement atypique. Les soins prodigués à ces nouveau-nés se sont transformés avec l’arrivée, à la fin des années 1980 aux États-Unis, du Neonatal Individualized Developemental Care and Assessment Program (NIDCAP) et de la méthode des soins Kangourou (Kangaroo Mother Care) dans les pays peu industrialisés.
Les soins de développement individualisés ont gagné la France dans les années 1990. « Ils permettent de répondre aux attentes sensorielles du nouveau-né prématuré grâce à son observation pour soutenir au mieux son développement neurologique et l’établissement de liens avec sa famille. Grâce au rationnel scientifique très fort, il est désormais plus facile de convaincre les pouvoirs publics et les institutions hospitalières de l’importance de suivre cette voie de la « bientraitance » du prématuré et de ses parents, qui est notre mission première », insiste le Pr Kuhn.
Les recommandations de GREEN - SFN
Le concept de soins de développement et, en particulier, l’attention à porter au bruit, à la lumière, au contact « peau à peau », s’est diffusé partout en France, mais son niveau d’implantation est variable d’un endroit à l’autre comme en atteste l’étude Epipage de 2011. C’est pourquoi des programmes formalisés viennent désormais soutenir la mise en place du concept de soins de développement. Au sein de la Société française de néonatalogie, c’est le Groupe spécifique de réflexion sur l’évaluation de l’environnement du nouveau-né (GREEN-SFN) coordonné par les Prs Charlotte Casper (CHU Toulouse) et Pierre Kuhn, qui travaillent depuis 2012 sur l’établissement de recommandations pour améliorer l’environnement des soins au nouveau-né. « Notre objectif est d’asseoir ces pratiques et de les diffuser de façon consensuelle au sein des équipes.Il est aussi de faire des recommandations sur lesquelles les équipes pourront s’appuyer dans les discussions avec les administrations hospitalières pour que l’environnement soit soutenant (tant sur le plan de l’accueil des parents que de l’architecture, etc.) ». Principale originalité de ce groupe de travail : outre des professionnels de santé, des associations d’usagers sont aussi pleinement associées à cette démarche.
Une petite révolution pour les soignants
Intégrer les parents aux soins de leur enfant est une notion qui se diffuse de plus en plus, grâce au modèle scandinave où les parents ne sont jamais séparés du nouveau-né. Tout l’environnement de l’hôpital est conçu de telle sorte que les parents s’y sentent bien, et disposent d’une chambre privative. Le rôle des soignants est d’assurer les soins techniques et la surveillance du nouveau-né, mais aussi d’aider les parents à soutenir leur enfant pendant les soins et de les réaliser quand cela est possible. « Ce n’est pas très naturel pour les soignants d’intégrer les parents en continu dans les soins quotidiens. Cela demande donc un accompagnement des soignants, ce que fait le GREEN-SFN afin d’harmoniser les pratiques partout en France », poursuit le Pr Kuhn.
En contrepartie, ces efforts ne sont pas vains. Il existe notamment des preuves d’efficacité des soins centrés sur la famille avec des améliorations à court terme : diminution de la ventilation assistée, des médicaments contre la douleur, durée d’allaitement plus longue, baisse de la durée de séjour. « Sur l’amélioration à moyen terme, les résultats sont un peu plus controversés, peut-être parce que ces programmes de soins de développement mériteraient d’être poursuivis après le retour à la maison avec des interventions précoces comme cela se fait déjà aux Pays-Bas. Lorsque c’est le cas, le développement neurologique de ces nouveau-nés prématurés peut être amélioré de façon prolongée jusqu’à l’âge de cinq ans» conclut le Pr Kuhn.
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