A Roland Garros, il pourrait bien soulever cette année la coupe des mousquetaires, la seule du Grand Chelem qu’il n’ait encore jamais brandie. A la veille de ce grand rendez-vous du tennis qui commence le 25 mai, Novak Djokovic, numéro 2 mondial est en forme et vient de rappeler en remportant le tournoi de Rome face à Raphael Nadal, vainqueur l’an passé des internationaux de France.
En forme ? Le champion Serbe ne l’a pas toujours été. Au point que ses défaillances soudaines et à répétition lui ont valu parfois l’ironie de ses pairs sur le circuit. Comme lors de ce quart de finale raté de janvier 2010 à Melbourne où le Serbe vainqueur deux ans auparavant des internationaux d’Australie s’effondre alors même qu’il mène 2 sets à 1 face au Français Tsonga: « Je n’arrivais plus à respirer (…) Quelque chose m’est monté à la gorge. J’ai supplié le juge de chaise de m’accorder une pause pour aller aux toilettes. Je ne voulais pas que mon adversaire voie ce que j’allais faire. J’ai couru au vestiaire. Je me suis engouffré dans l’une des toilettes. Je suis tombé à genoux. Agrippé au bord de la cuvette, le ventre soulevé de spasmes, j’ai eu l’impression de vomir toute ma force ». Retour sur le court, jeux, sets et match… Et bataille complètement perdue ce jour-là pour Djokovik.
Un scénario catastrophe, mais qui n’était pas nouveau pour lui, puisque l’année précédente, le champion Serbe avait de la même façon abandonné au même stade de la même compétition face à l’Américain Andy Roddick… « Chaque fois que je faisais un grand pas vers la réalisation de mon rêve, j’avais l’impression qu’une corde enroulée autour de mon torse me tirait en arrière. Je gagnais un tournoi, pour m’effondrer subitement lors du suivant. Je remportais un match épique pour abandonner au milieu du round suivant. »
« J’étais un homme qui mangeait mal »
On a beaucoup disserté sur ces coups de pompe et coups du sort qui ont régulièrement frappé Djokovic alors même qu’il était au sommet mondial. Crises d’asthme ? Maladie imaginaire ? Somatisation ? Dans « Service Gagnant », un livre sorti ce mois-ci, le Serbe revient sur ce qui lui est arrivé et explique comment il s’en est sorti après diagnostic d’une intolérance au gluten. C’est un téléspectateur hors norme visionnant le 27 janvier 2010 à l’autre bout de la planète depuis Chypre ce quart de final catastrophe qui lui a donné la solution. Novak Djokovic doit depuis une reconnaissance éternelle à l’intuition du Dr Igor Cetojevic, nutritionniste serbe, qui avait compris que ses problèmes n’étaient pas respiratoires. « Je n’étais ni hypocondriaque, ni véritablement asthmatique ; je n’étais pas non plus un athlète qui renonce quand le jeu devient difficile », raconte celui qui a appris à jouer au tennis sous les bombes, dans l’ex-Yougoslavie. « J’étais un homme qui mangeait mal. »
Dans son livre, Novak Djokovik raconte donc sa vie sans gluten. Et sans produits laitiers, car les tests qu’ils devaient pratiquer révélèrent aussi une intolérance aux dérivés du lait. Il explique son retour ces dernières années dans le tiercé de tête mondial du tennis pro par cette conversion radicale, accompagnée d’exercices quotidiens de « méditation en pleine conscience ». Et il tente de convaincre son lecteur de revoir à son tour ses habitudes alimentaires. « Nombre de gens sont comme moi. On estime qu’une personne sur cinq souffre à un moment ou un autre d’intolérance au gluten, même si ce pourcentage est difficile à vérifier en raison des symptômes qui peuvent être légers ou grave et qui se déclarent souvent plusieurs heures après les repas. » Son livre est le récit de sa descente aux enfers et de sa résurrection sans gluten, mais aussi l’occasion de conseils diététiques, avec recettes de cuisines à la clé. Comme tout nouveau converti, Novak Djokovic ne recule devant aucun zèle : « Je peux garantir à chacun les bénéfices d’un régime sans gluten -car même si vous n’êtes pas sensible à cet ingrédient- les hausses d’insuline provoquées par le blé sont vraiment toxiques. »
Djokovic a aussi sa petite idée sur la genèse de ses intolérances. Fils de tenanciers de pizzerias, il raconte s’être nourri de pizzas dans la Serbie de son enfance. « J’ai mangé tant de pizzas pendant de si nombreuses années que je me demande si je ne me suis pas infligé à moi même une sensibilité au gluten et aux produits laitiers. » La suite s’écrira pour lui à partir de la semaine prochaine sur la terre battue de la porte d’Auteuil.
A le lire, on comprend que son hygiène de vie draconienne est désormais aussi importante que sa préparation physique pour relever le défi du Grand chelem. Quant à sa famille, toujours dans la restauration, elle a ouvert en Serbie une chaine de restaurants qui servent des pizzas sans gluten et qu’elle a tout simplement baptisée… « Novak » !
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