Ethique

Don d’organes : pour un oui ou pour un non ?

Publié le 10/04/2015
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Qui ne dit mot consent... Surfant sur cette logique, l’amendement de Jean-Louis Touraine et Michèle Delaunay espère relancer les possibilités de transplantation. Mais tout le monde n’est pas d’accord...

Crédit photo : DR

Faut-il renforcer le principe du consentement présumé au don d'organes au point de considérer que la personne qui ne s’y est pas opposée de son vivant est d’accord ? La question devait être débattue cette semaine à l’Assemblée dans le cadre de la loi de santé. Un amendement déposé par Jean-Louis Touraine et Michèle Delaunay propose qu’à partir de 2018, tout un chacun soit réputé d’accord pour donner ses organes, sauf à ce qu’il soit inscrit sur un registre du non. L’entourage ne serait a priori plus consulté pour connaître la volonté du défunt, mais seulement informé.

Inversion de logique

Pour justifier cette inversion de logique, le député du Rhône et celle de la Gironde rappellent que 18 000 personnes sont en attente de greffes, que ce nombre a triplée en vingt ans et que le taux de refus est passé de 9,6 % en 1990, à 33,7 % en 2012. « Chaque année, ce sont des centaines de personnes qui décèdent faute de greffe », soulignent les deux socialistes.

Leur argumentaire a fait mouche auprès des députés, puisque, en commission, l’amendement a été adopté à l’unanimité. Mais nombre de professionnels de la transplantation ne sont pas d’accord. À commencer par la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation qui demande le retrait de cette modification jugée « inopportune et irréaliste ». « La SFAR ne souhaite en aucun cas encourager le prélèvement d’organes en situation conflictuelle », insiste la Société dans un communiqué.

Les anesthésistes-réanimateurs ne sont pas les seuls à s’émouvoir. France ADOT, la Fédération des associations pour le don d’organe, « redoute une très forte levée de boucliers contre ce projet. Cela le rendrait inapplicable et pourrait entraîner une forte chute des dons », estime la Fédération.

J.P.

Source : lequotidiendumedecin.fr