Ces confrères qui partent à l'étranger

Dr David Desseauve, obstétricien : Lausanne plus accueillante que Poitiers

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Publié le 14/08/2018
Desseauve

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Crédit photo : DR

Une voie universitaire toute tracée en tête, David Desseauve est parti il y a quelques années en mobilité pour un an à Lausanne. Il y découvre un système médical et des moyens mis à sa disposition qui ne souffrent pas la comparaison avec la France. Du coup, et quelques hésitations plus tard, le jeune chercheur s'exile en Suisse.

« Le système français ne donne pas les moyens d'accompagner les universitaires et il est extrêmement cloisonné. » David Desseauve est bien placé pour le savoir. Ce trentenaire, né à Montluçon, a fait ses études de médecine à Clermont-Ferrand, avant un internat aux Antilles, ainsi que des Inter CHU à Paris, Lille et Poitiers. Et finalement c’est au CHU de Poitiers qu’il va se poser (un peu) pour occuper quatre années de suite, un poste de chef de clinique en gynécologie obstétrique.

Le système français tue les ambitions

Pas étonnant qu'avec un tel parcours, on lorgne des perspectives universitaires ou de chefferie de service. Mais pour cela, David Desseauve devait faire sa mobilité à l'étranger. Ce sera Lausanne, a priori pour quelques mois seulement… Mais les compétences cliniques en plus de son profil d’universitaire sont vite remarquées par le jeune patron suisse de David qui souhaite lui confier des responsabilités dans cette maternité de Lausanne. David Desseauve refusera d'abord trois fois le poste avant de finir par l’accepter. Pour expliquer cette hésitation, il évoque un contrat moral à l’égard de son patron au CHU de Poitiers. Un dilemme, dont pourtant il ne regrette pas l'issue : il devait finalement opter pour un poste en Suisse, avec l’assurance d’une pratique aussi bien hospitalière que libérale, 40 % de temps entièrement dédié à la recherche… Et, cerise sur le gâteau, une rémunération bien plus conséquente !

Mais c'est surtout le parcours du combattant universitaire qu'épingle le jeune chercheur : « Les carrières universitaires en France s'avèrent compliquées et il faut faire énormément de sacrifices, familiaux, économiques pour des perspectives qui, au final ne sont jamais très claires. » En regard, il ne tarit pas d'éloges sur la vision très pragmatique de « la Suisse qui dit "on a besoin de toi !" » Tout l'inverse de la France, précise-t-il : « Ici, lorsque tu as une idée, on te dit "vas-y, mais trouve les bourses nécessaires", alors qu’en France, on te dit plutôt "publie d’abord et on verra après". » Et le praticien d'interroger :«  D’ailleurs, qui souhaite encore être universitaire en obstétrique de nos jours en France ? »

40 % de temps entièrement dédié à la recherche

Pas si simple pourtant d'intégrer le système suisse. « Même si cela n’est jamais dit, la Suisse a une identité nationale très forte », explique David Desseauve, qui reconnaît être passé par une phase d’adaptation et d’assimilation d’environ deux ans. « Nos visions et nos cultures sont différentes même si nous parlons la même langue », souligne le praticien français. Alors, sans regret ? « J'aurai toujours un œil sur la France, car j'y ai été excellemment bien formé et je lui dois la qualité de ma formation, ce pourquoi d'ailleurs j'ai été recruté ici en Suisse »...


Source : lequotidiendumedecin.fr