Quelques jours après le sacre des Bleus en Russie, le Dr Franck Le Gall revient sur l'épopée à laquelle il a participé depuis le banc de touche et la salle de soin, en tant que médecin de l'équipe de France de football.
LE QUOTIDIEN : Pas trop dur de revenir sur terre ?
Dr FRANCK LE GALL : C'est compliqué ! Je reçois énormément de messages et d'appels. On voudrait parfois que ça se calme un peu mais il va sans doute falloir attendre quelques semaines pour ça. Je ne vais pas être bégueule : toute cette effervescence à partager est très sympa à vivre.
Vu de l'extérieur, on a l'impression que cette Coupe du monde s'est déroulée sans pépin médical majeur pour l'équipe de France. Qu'en est-il vraiment ?
C'est du même tonneau que la Coupe d'Europe de 2016 : nous sommes arrivés quasiment à chaque rencontre avec tous nos joueurs sur la feuille de match. Une exception notable est l'absence de Benjamin Mendy, contre l'Argentine, suite à une petite lésion musculaire sur la cuisse droite. Il a été arrêté 10 jours à la suite d'une élongation au quadriceps fémoral.
Le faible nombre de blessures n'est pas anodin. La Croatie a connu le même parcours et est également parvenue en finale. Cela étant dit, et même si nous avons eu peu de blessés, nous avons eu notre lot de pépins à régler comme des chevilles qui gonflent, des chocs, des muscles à détendre et du travail de renfort musculaire. Le taux de remplissage de la salle de soin était important, car il y avait toujours des genoux douloureux, ou des béquilles comme celle infligée à Benjamin Pavard contre l'Uruguay.
Quelles sont les statistiques des arrêts pour blessure ?
Nous n'avons pas les statistiques complètes de traumatologie, nous communiquerons dessus plus tard. Je peux déjà vous dire que sur les 55 jours qu'a duré la compétition, nous avons un total de 56 jours d'arrêt sur l'ensemble de l'équipe. Globalement, cela signifie que nous avons du 4 à 5 % d'arrêt sur nos joueurs, ce qui est un très bon résultat. En club, on considère qu'une saison s'est bien déroulée si on est en dessous de 10 %. Nous devons ces bons chiffres à un mélange d'une bonne préparation, d'une bonne équipe de kinésithérapeutes… Et d'un peu de chance.
Y a-t-il eu des postes plus exposés que d'autres ?
Tous les postes sont également exposés : Varane, Umtiti et les autres ont tous pris un tampon à un moment ou un autre. Même notre gardien de but, Hugo Lloris, a eu un problème à l'épaule au cours de la compétition.
Pouvez-vous nous parler du gros choc entre Blaise Matuidi et Eden Hazard lors de la demi-finale ? Quels examens avez-vous réalisés ?
Il a pris un coup violent sur le sternum, les côtes et le creux épigastrique. On n'a pas fait d'examens particuliers, mais compte tenu de la violente douleur, du fait qu'il était fatigué car à la 80e minute de jeu et de sa difficulté à retrouver son souffle, il n'aurait pas été raisonnable de le laisser continuer à jouer.
Étiez-vous stressé avant la finale ?
Ce sont les joueurs qui donnent le tempo et ils étaient tellement concentrés et détendus avant de rentrer sur le terrain qu'ils nous ont transmis leur calme. Ils étaient vraiment impressionnants.
Quel est le principal souvenir que vous garderez de ce mondial ?
Le vestiaire après la finale ! Personne ne voulait partir ! Si la sécurité n'était pas intervenue, on serait restés 3 heures de plus à chanter.
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