« Asthme et urgences », tel était le thème de la première semaine de l’asthme qui s’est déroulée du 30 avril au 6 mai dernier. L’asthme est responsable de quelque 900 décès chaque année, un chiffre inacceptable qui ne baisse pas. Il motive également 200 000 consultations aux urgences et 100 000 hospitalisations. La réduction de la morbimortalité liée à l’asthme passe par une amélioration du parcours de soins, avant, pendant et après le passage aux urgences.
Un plan d’action minimal en cas de crise
« Par définition, tout asthmatique fera une crise d’asthme », rappelle le Dr Gilles Mangiapan. Et même si l’asthme paraît peu sévère, le patient doit se voir proposer un plan d’action minimal en cas de crise. La simple indication sur l’ordonnance du bronchodilatateur de secours à la demande du nombre de bouffées à ne pas dépasser en cas de crise et de la nécessité de faire alors appel à un contact médical d’urgence peut permettre de sauver des vies. « On voit encore trop de patients consultant aux urgences après plusieurs jours d’évolution et la consommation de dizaines de bouffées de bêta-2 mimétiques de courte durée d’action », déplore le Dr Mangiapan.
Organiser une consultation systématique après les urgences
Après la prise en charge initiale aux urgences, qui se fonde sur le trio aérosol de bêta-2 mimétiques, oxygénothérapie et corticoïdes, le patient doit bénéficier d’un suivi. Le passage aux urgences est un signe de gravité, et l’on sait que le patient est exposé au risque de crise sévère. L’étude ASUR 2 a montré que près de 40 % des asthmatiques récidivent dans le mois qui suit le passage aux urgences. Il est donc essentiel que le patient soit rapidement revu après la consultation aux urgences afin d’adapter le traitement de fond. « Et pour ce faire, il faut absolument fluidifier le parcours de soins, en créant des réseaux. Au centre hospitalier intercommunal de Créteil, nous avons mis en place une consultation de pneumologie post-urgences. Le rendez-vous pour cette consultation hebdomadaire entièrement dédiée à ces patients est pris directement aux urgences. Grâce à cette organisation, le patient est revu dans un délai maximal de dix jours, indique le Dr Gilles Mangiapan. Cela nous permet de repérer très vite ceux qui justifient d’une majoration de traitement. » Et ils sont nombreux, comme en témoigne l’expérience de 18 mois de fonctionnement : un patient sur deux voit son traitement modifié lors de cette consultation post-urgences, certains mêmes sont hospitalisés pour un bilan. « Le rendez-vous doit être pris aux urgences, c’est le seul moyen pour que les patients reviennent. Malgré cela, 30 % ne se présentent pas à la consultation, et nous les rappelons. Parfois c’est parce qu’ils préfèrent voir leur pneumologue en ville, mais sinon, nous les motivons. Nous devons nous adapter à tous les types de patients, y compris ceux adeptes du nomadisme médical que nous ne pouvons pas laisser de côté. Nous avons pu montrer que grâce à cette organisation la moitié des patients qui n’avaient aucun suivi ont pu réintégrer un parcours de soins. »
« Tous les patients ayant consulté aux urgences pour une crise d’asthme doivent disposer d’un plan d’action d’urgence (PAU) personnalisé », poursuit le Dr Mangiapan. Le groupe Asthme et Allergie de la Société de pneumologie de langue française (SPLF) a élaboré différents PAU types qui seront très prochainement téléchargeables sur le site Internet. Le programme Sophia de l’Assurance-maladie propose aussi des PAU, à discuter avec le médecin. « Il faut donner aux patients les moyens de réagir en cas de crise », insiste le Dr Mangiapan.
Éducation thérapeutique
Il faut également faire plus d’éducation thérapeutique, dans un centre dédié lorsque cela est possible, sinon au cabinet médical. Il est notamment indispensable de s’assurer de la qualité d’utilisation des dispositifs d’inhalation, facteur d’inefficacité des traitements. « Un gros travail a été accompli par le groupe Zéphir, qui a permis de mettre en ligne sur le site de la SPLF un annuaire complet des différents types de dispositifs, avec des courtes vidéos de démonstration de leur utilisation », souligne le Dr Mangiapan. Le groupe a aussi développé un classeur de codes QR qui renvoient à ces vidéos. « On peut très simplement coller ce code QR sur l’ordonnance, ce qui aide le patient, mais aussi le pharmacien qui délivre le dispositif », conclut-il.
D'après un entretien avec le Dr Gilles Mangiapan, centre hospitalier intercommunal de Créteil
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