La cause de M. Amagat, agrégé de la Faculté de Montpellier, dont les élèves avaient pris trop vite et trop ardemment la défense, paraît définitivement jugée, et il y a lieu d’espérer qu’à la réouverture de l’École l’ordre ne sera plus troublé.
M. Amagat a été condamné par ses pairs. Le corps des agrégés, en effet, après requête, a déclaré rester uni avec le corps des professeurs et reconnu ainsi que la mesure par laquelle M. Amagat a été écarté de la suppléance de M. le professeur Martins est justifiée et n’atteint en aucune manière les droits de l’agrégation.
À la suite d’une délibération prise à l’unanimité des membres présents par la Faculté de médecine de Montpellier, un arrêté ministériel a suspendu M. Amagat de ses fonctions d’agrégé et l’a déféré au conseil académique.
En présence de ce double fait, les élèves en médecine ne sauraient se montrer plus soucieux des droits de l’agrégation que le corps des agrégés lui-même, et leurs amis ne peuvent que leur conseiller la reprise paisible de leurs études.
Voici d’ailleurs la lettre que M. le ministre de l’Instruction publique a adressée à M. le recteur de l’académie de Montpellier.
« Monsieur le Recteur,
J’ai l’honneur de vous adresser ampliation d’un arrêté en date de ce jour, par lequel la Faculté de médecine de Montpellier est fermée jusqu’à nouvel ordre.
Les élèves en cours d’études à cette Faculté ne pourront, jusqu’à ce qu’il soit autrement ordonné, prendre d’inscriptions ni subir d’examens devant aucune autre Faculté ou école.
J’espère que cette mesure, à laquelle je suis décidé à tenir rigoureusement la main, fera comprendre aux étudiants que l’Université n’est pas plus disposée aujourd’hui qu’à une autre époque à incliner son autorité devant le tumulte et la sédition.
Quand j’ai pris cet arrêté qui confie à deux savants éminents deux cours complémentaires de botanique et de zoologie, je l’ai fait en pleine connaissance de cause, et sans porter atteinte aux droits de personne. J’ai choisi, sous ma responsabilité, les deux chargés de cours qui m’ont paru les plus capables en ce moment d’enseigner l’histoire naturelle. Je suis plus résolu que jamais à e confier cet enseignement, dont j’ai le seul droit de disposer, à aucune autre personne.
Quant à M. Amagat, qui est l’instigateur manifeste de tous ces désordres, il est déféré au conseil académique. Il aura très prochainement à rendre compte de sa conduite.
Par une lettre rendue publique, cet agrégé annonce qu’il veut faire des conditions à ses juges ; il sera jugé selon la loi. S’il récuse ce tribunal comme il a refusé l’enquête qu’il avait demandée au doyen, et que le doyen lui offrait par mon ordre, il sera jugé par défaut.
J’ai lu tout ce qui s’est écrit depuis quinze jours sur cette déplorable affaire ; j’ai examiné attentivement toutes les accusations dont la Faculté a été l’objet ; je ne les ai pas trouvées fondées ; j’aurais, quant à moi, un reproche à adresser à la Faculté de médecine de Montpellier, c’est d’avoir dépassé, aussi bien vis-à-vis de M. Amagat que vis-à-vis des étudiants révoltés, la mesure de l’indulgence permise.
J’espère, monsieur le Recteur, que la réflexion et le bon sens vont reprendre leurs droits ; que les étudiants rentreront dans le devoir et qu’il me sera possible, le calme étant rétabli, d’achever l’organisation du centre universitaire de Montpellier, par l’installation de la Faculté de droit.
C’est là, pour la ville de Montpellier et pour toute la région, un intérêt de premier ordre ; vous savez avec quelle sympathie j’en poursuis la réalisation. Il serait déplorable de voir compromettre ou retarder, par des désordres persistants ; une solution si impatiemment attendue et pour laquelle, à cette heure, tout est préparé.
Recevez, monsieur le Recteur, l’assurance e ma considération très distinguée. »
Jules Ferry
(La Gazette médicale de Paris, 1880)
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