Pour la première fois, un gène de résistance à la classe antibiotiques des polymyxines (colistine, polymyxine B) a été identifié par des chercheurs chinois, qui viennent de publier leur découverte dans le « Lancet Infectious Diseases ».
L’équipe du Pr Jian-Hua Liu du collège de médecine vétérinaire de Guangzhou, a en effet trouvé un plasmide porteur d’un gène de résistance aux polymyxines, baptisé mcr-1, dans un grand nombre d’entérobactéries retrouvées chez des cochons et dans des viandes de porcs, prélevés dans 30 marchés et 27 supermarchés, ainsi que chez des patients admis dans deux hôpitaux du sud de la République Populaire de Chine. Les auteurs affirment craindre le fort potentiel épidémique de ces souches qui sont résistantes à « notre dernière ligne de défense contre les infections bactériennes ».
Le fait que ce gène de résistance se trouve sur un plasmide suggère en effet qu’il pourrait se répandre à travers un grand nombre de souches et d’espèces bactériennes.
« Ces résultats sont extrêmement préoccupants, a affirmé le Pr Jian-Hia Liu, jusqu’à présent, les phénomènes de résistance aux polymyxines résultaient de mutations chromosomiques, ce qui rendait les résistances instables et incapables de se répandre. »
Les chercheurs sont également inquiets de la forte prévalence de la résistance dans leur échantillonage : 166 animaux sur 804 et 78 échantillons de viandes sur 523 étaient porteurs d’Escherichia coli résistante. C’était également le cas de 16 prélèvements d’Escherichia coli et de Klebsiella pneumoniae sur les 1 322 prélèvements réalisés à l’hôpital. Une proportion qui semblait augmenter au sein des campagnes de prélèvements les plus récentes.
Mise à jour (20 novembre 2015) : réaction de l'ESCMID
Le Pr Gunnar Kahlmeter, porte parole de la société européenne de microbiologie et des maladies infectieuses (ESCMID), reconnaît là une « très mauvaise nouvelle », et dénonce un comportement irresponsable vis à vis de l'usage des antibiotiques dans le secteur agroalimentaire. « Nous avons abusé de l'usage des antibiotiques depuis leur découverte et avons continué à les gaspiller pour des raisons économiques dans des secteurs où ils n'avaient rien à faire, estime-t-il. Nous avons chercher à savoir si l'utilisation de 600 tonnes d'antibiotiques par an pour traiter les élevages de porc n'est pas dangereux au lieu de simplement considérer que ce n'était pas la peine de prendre un tel risque. Avec ce nouveau gène MCR-1 de résistance à la colistine et à la polymyxine, il est désormais clair que l'usage fréquent de la colistine dans l'agriculture en Chine et dans l'Asie du Sud Est est à l'origine de cette catastrophe. »
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