Vaut-il mieux enchaîner les compressions cardiaques plutôt que faire des interruptions pour la ventilation ? La réanimation cardio-pulmonaire fait débat depuis quelques années. Alors que des études ont récemment suggéré des bénéfices sur la survie à faire du massage cardiaque en continu, un consortium de médecins canadiens et américains, le « Resuscitation Outcomes Resuscitation » (ROC), montre dans le « New England Journal of Medicine » dans la plus grande étude menée chez des patients en arrêt cardiaque que les deux méthodes sont équivalentes. Les résultats ont été présentés le 9 novembre aux sessions scientifiques 2015 de l’American Heart Association à Orlando.
Ventilation au ballon
Cette étude auprès de 114 services d’aide médicale urgente a évalué deux types de réanimation cardio-pulmonaire réalisés par des professionnels de santé. La précision est de taille car dans les deux cas la ventilation était administrée au masque avec ballon.
La première méthode consiste à délivrer des compressions cardiaques en continu (100/minute) avec de la ventilation à pression positive délivrée de façon asynchrone (10 ventilations/minute). La réanimation dite « classique » entrecoupe les compressions cardiaques pour de la ventilation, à raison de 30 compressions pour 2 ventilations. La pause pour les insufflations n’excède pas plus de 5 secondes.
Léger avantage pour les interruptions
Les deux méthodes se sont avérées équivalentes... ou quasi. La survie et le pronostic neurologique à la sortie de l’hôpital n’étaient pas significativement différents dans les deux groupes. Pour le Dr Graham Nichol, premier auteur : « Les deux groupes ont bien fait. Mais il apparaît que les patients pris en charge par les secouristes qui interrompaient les compressions thoraciques pour réaliser la ventilation au ballon semblent survivre un petit peu plus souvent ». Une petite différence a été constatée pour la durée de séjour avec une hospitalisation écourtée de 0,2 jours pour le massage cardiaque continu.
Dans un éditorial lié, le Dr Rudolph Koster, cardiologue à Amsterdam, rappelle que les interruptions prolongées dans la réanimation cardio-respiratoire ont été associées à un plus mauvais pronostic. Il relève que, dans l’étude, la fréquence des compressions était presque aussi élevée dans les deux méthodes et que les pauses pour la ventilation sont peut-être moins déterminantes que supposé.
Pour le cardiologue hollandais, publiée plus tôt, cette étude aurait pu avoir un impact sur les récentes recommandations de l’American Heart Association publiées dans « Circulation », qui n’ont pas conservé la méthode de réanimation avec interruptions ventilatoires.
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