Paré écrit en un temps où, de tous côtés, l’on travaille à constituer un vocabulaire médical en français, explique Jean Céard, professeur émérite à l’université Paris-X-Nanterre. C’est un vocabulaire savant formé de mots empruntés au grec et au latin, parfois (rarement) à l’arabe. En grande partie, ce vocabulaire a déjà été fixé et mis en ordre dans des textes en latin (qui eux-mêmes ont déjà naturalisé des mots grecs). Mais le désir de Paré est de parler français ; il insère, par exemple, dans son « Anatomie », un chapitre intitulé « Récapitulation de tous les muscles du corps humain, lesquels nous avons osé nommer, un peu trop hardiment, comme il semblera à d’aucuns, mais le plus proprement qu’il a été possible, pour notre langue française, afin d’éviter les mots grecs et latins. » De même, traitant des articulations, il distingue l’emboîture, l’enfonçure et l’enclavure, au lieu des savants énarthrose, arthrodie et ginglyme.
Il sait très bien que ces changements ne peuvent que lentement s’imposer, et il propose un terme en le doublant des noms connus : ainsi l’omentum ou épiploon est appelé « du vulgaire, Coiffe et des Arabes, Zirbus ». Ou bien il suggère une traduction (ou un équivalent) mais continue à user du terme savant : il dit couramment « perineum », mais suggère « entrefesson ». Le propos de Paré est double ; d’une part, il veut contribuer à la défense et illustration de la langue française ; d’autre part, il souhaite user d’un vocabulaire immédiatement intelligible de praticiens comme les chirurgiens, qui généralement ne savent que le français.
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