DE NOTRE CORRESPONDANT
QUINZE PATIENTS ADULTES souffrant d’épilepsie réfractaire aux médicaments ont accepté de participer à cette étude de preuve de concept, conduite à Melbourne (Australie). Si la sécurité de la procédure n’est pas toujours parfaite, la fiabilité de la prédiction des crises par ces enregistrements EEG à long terme est encourageante. Des études plus vastes et plus longues sont donc souhaitables.
Plus d’un tiers des épilepsies ne sont pas contrôlées de façon satisfaisante par les traitements. La prédiction des crises par le patient pourrait, dans ce contexte, être fort utile, aidant à réduire le risque de mortalité et de morbidité, mais aussi à améliorer la qualité de vie des épileptiques.
Un algorithme individuel.
L’équipe de Mark Cook, associant des chercheurs australiens et américains, a testé la faisabilité de la prédiction des crises grâce à un appareil portable d’enregistrement EEG. Le système « d’alerte » sans fil, relié aux électrodes intracrâniennes au travers d’un relais télémétrique implanté sous la clavicule, communique un signal visuel et audible au patient l’alertant de la probabilité éventuelle d’une crise. Pour qu’un tel système soit efficace (et non purement anxiogène !) il faut s’assurer du degré de prédiction qu’il offre. Les auteurs ont donc d’abord établi un algorithme individuel, basé sur les données EEG recueillies en continu avant et lors des crises (2 à 12 crises/mois dans cette cohorte de patients), chez chacun des malades. Une fois validé, cet algorithme a été utilisé pour les signaux d’alerte.
Les 9 hommes et 6 femmes (44,5 ans en moyenne) recrutés entre mars 2010 et juin 2011 ont été évalués 4 mois après l’implantation du système pour les effets indésirables. Deux incidents ont été suffisamment sérieux pour nécessiter une intervention (relocalisation du relais sous-claviculaire ; drainage de liquide séreux) et deux autres effets secondaires (infection ; inconfort) ont été notés plus tard dans les 12 mois suivant l’implantation.
Délais variables.
La deuxième phase de l’étude donne des résultats prometteurs. On observe une valeur prédictive négative de 100 % chez 4 des 5 patients dont les signaux indiquaient « faible probabilité de crises » - et elle est de 98 % chez le cinquième. Toutes les crises observées durant cette période de 4 mois se sont produites chez les patients ayant eu un signal de forte probabilité de crise. Par contre, il existe une grande variabilité dans les délais entre le moment du signal d’alerte et la survenue de la crise.
Bien que ce travail préliminaire ait des limites (la taille de la cohorte, le caractère non généralisable des crises - focales - présentées par les patients), ses résultats indiquent que la prédiction des crises d’épilepsie n’est plus un mythe. La période de suivi est certes courte, mais les chercheurs indiquent que deux des patients ont utilisé le dispositif pendant maintenant plus de deux ans et que la capacité de prédiction des crises n’a pas été, jusqu’ici, prise en défaut. Apparemment la présence du dispositif n’a pas non plus été anxiogène pour les patients.
Mark J. Coke et col. Prédiction of seizure likelihood with a long-term, implanted seizure advisory system in patients with drug-resistant epilepsy: a first-in-man study. The Lancet (2 Mai 2013). Publié en ligne.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature