La prémédication pré-anesthésique chez l’adulte reste encore largement en usage pour réduire l’anxiété. Une étude récente, conduite en Haute Normandie, montre qu’elle est prescrite chez 90 % des patients avant une chirurgie à risque élevée et chez 60 % avant une chirurgie mineure. Le taux de prémédication est identique avant une anesthésie générale ou locorégionale.
Les benzodiazépines, et notamment l’alprazolam, restent les molécules les plus fréquemment prescrites avec un profil pharmacologique bien adapté. L’hydroxyzine vient en seconde place alors même que l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) en limite l’usage et ne la recommande plus chez le sujet âgé. Dans l’enquête normande, elle représente près de 50 % des prescriptions dans cette population. Des molécules comme la gabapentine et la prégabaline sont prescrites hors AMM, notamment avant les chirurgies à risque élevé.
Pas d’effet sur l’anxiété
Des données récentes remettent en cause l’intérêt de la prémédication. L’étude PremedX (1), montre que, comparé à l’absence de prémédication, le lorazépam ne réduit pas l’anxiété des patients à leur entrée en salle opératoire et n’améliore pas leur satisfaction globale. Même dans le sous-groupe des patients les plus anxieux, les auteurs n’observent pas de bénéfice après prémédication. La seconde étude n’objective pas de différence significative sur l’anxiété en salle d’opération entre un placebo et une prémédication par zopiclone la veille de l’intervention ou par alprazolam le matin même (2). Les auteurs expliquent ces résultats négatifs notamment par le faible niveau d’anxiété de leurs patients. La qualité de la relation avec le patient et de son information sur la procédure sont plus efficaces sur la réduction du stress que la prémédication pharmacologique. Ainsi, dès l’admission, l’ensemble de la prise en charge doit s’inscrire dans un processus bienveillant et attentif propre à rassurer le patient.
En conclusion, alors que la prescription d’une prémédication pharmacologique reste encore fréquente, les données récentes devront conduire à une révision importante des pratiques, d’autant plus que les nouvelles prises en charges sont désormais résolument tournées vers l’ambulatoire et la réhabilitation précoce.
La prescription d’une prémédication devrait être exceptionnelle; la consultation et la visite pré-anesthésique, qui permettent de délivrer une information de qualité sur l’ensemble du processus opératoire, participent directement à la réduction de l’anxiété.
(1) Maurice-Szamburski A et al. JAMA. 2015;313:916-25
(2) Beydon L et al. Anaesth Crit Care Pain Med. 2015;34:165-71
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