Comment expliquer l’opposition des pouvoirs publics à l’instauration de ratios ?
Je ne comprends pas l’attitude du gouvernement. Cela paraît une mesure de bon sens au regard de l’attractivité actuelle des hôpitaux. D’autant qu’elle est portée par les acteurs de la société civile, des professionnels de santé. Certes, dans un premier temps, c’est une intervention contraignante. Le nombre de patients pris en charge sera nécessairement réduit du fait du nombre de soignants aujourd’hui en activité. Cet état de fait peut expliquer la position du gouvernement. Par ailleurs, ceux qui défendent la réforme sont également ceux qui alertent sur la dégradation des conditions de travail à l’hôpital. Ceci explique peut-être aussi cela.
Mais la loi a été votée au Sénat de manière transpartisane.
Pour les pouvoirs qui se sont succédé depuis les années quatre-vingt, les problèmes de l’hôpital public relèvent d’une organisation déficiente. Les acteurs de l’hôpital avancent une autre interprétation. C’est plutôt la réduction année après année des moyens financiers, humains, matériels qui expliquent la situation de crise. Au moment de la grève des urgences il y a quatre ans, les soignants se décrivaient comme au pied du mur. Il y a eu ensuite la Covid puis le Ségur de la santé. Et la situation s’est encore dégradée. Depuis quatre ans, les politiques sont sommés d’agir. Mais il ne se passe pas grand-chose à l’image du changement climatique. Ce qui est en revanche inédit est le départ massif des soignants. Aucune leçon n’a été tirée des crises successives. Le lien de confiance n’a pas été restauré.
Faudrait-il un plan Marshall massif ?
Il faut investir de manière massive. Or rien n’est programmé. Mais la crise à l’hôpital ne se réduit pas à la dimension financière. La crise démocratique est très profonde. Les acteurs de l’hôpital, professionnels de santé et usagers, doivent être entendus et leur diagnostic repris par les politiques. Ce qui implique de transformer le système en profondeur et d’impliquer les professionnels et les usagers dans la fabrication, la gestion des politiques de santé et la prise de décisions. Qui gère, organise le système de santé ? Soulever ces questions, c’est aussi dévoiler la dimension politique des questions de santé.
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