L’émergence de multirésistances aux antibiotiques dans l’infection à Salmonella typhi provoque de vives inquiétudes pour les pays en développement, où l’infection est endémique. Selon une vaste étude de séquençage internationale, publiée dans « Nature Genetics », le phénomène de résistance serait déterminé par une seule famille de la bactérie, appelée H58, qui a essaimé à travers le monde, en particulier l’Asie et l’Afrique au cours des 30 dernières années.
Près de 74 collaborateurs originaires de plus de 24 pays ont participé à ce consortium international. Les données issues de l’analyse de 1 832 sérovars sont ainsi parmi les plus exhaustives que l’on ait collecté pour un génome bactérien pathogène. « Cela illustre la coopération universelle de la communauté scientifique dans ce qu’elle peut faire de mieux », estime le premier auteur de l’étude, le Dr Vanessa Wong, du Wellcome Trust Sanger Institute au Royaume Uni.
Des résistances persistantes
Résistantes le plus souvent aux antibiotiques de première ligne, les bactéries Typhi H58 continuent d’acquérir de nouvelles mutations leur conférant une résistance à des antibiotiques plus récents, comme la ciprofloxacine et l’azithromycine. Alors que le phénomène de résistance existe depuis les années 1970, ce qu’il y a de nouveau avec H58, c’est que l’introduction d’un nouvel antibiotique ne fait pas perdre la résistance acquise précédemment à une autre molécule. Les gènes de résistance « deviennent une partie stable du génome, ce qui signifie que la typhoïde multirésistante est bien partie pour rester », estime le Dr Kathryn Holt, de l’université de Melbourne et auteur senior.
Pour faire face à la famille H58, le consortium a élaboré un plan de surveillance pour mieux comprendre comment les résistances se développent et se propagent d’un continent à l’autre, le but final étant « de faciliter la prévention et le contrôle de la typhoïde à l’aide d’antimicrobiens efficaces, de l’introduction de vaccins et des programmes pour l’eau et les installations sanitaires », explique l’auteur senior de l’étude, le Pr Gordon Dougan, également du Sanger Institute.
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