Gare au risque cardiovasculaire pendant la vague de froid, prévient la Fédération française de cardiologie

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Publié le 18/01/2017
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Crédit photo : PHANIE

Alors que la vague de froid s'étend ce mercredi à la quasi-totalité de la France, les appels à la vigilance se multiplient. La Fédération française de cardiologie (FFC) rappelle des consignes de prudence : couvrir les extrémités, éviter les efforts brutaux en extérieur sans échauffement préalable, limiter les activités en cas de pic de pollution et être attentif aux sensations d’oppression dans la poitrine, palpitations, essoufflements, douleurs thoraciques à l’effort ou vertiges.

Les personnes les plus à risque sont les patients souffrant d’hypertension artérielle (HTA), insuffisance cardiaque, d'antécédent d’infarctus du myocarde, de valvulopathie, de troubles du rythme, d'AVC ou d'angine de poitrine. La FFC cite aussi les patients ayant bénéficié d'une revascularisation coronaire ou artérielle. « Un coronarien qui s'ignore peut souffrir d'un syndrome coronaire suite au froid, complète le Pr Claire Mounier-Vehier, cardiologue au CHU de Lille et présidente de la FFC. Même en l'absence de plaques d'athérome, le froid peut provoquer des spasmes artériels, d'authentique spasme artériels. Les patients avec des syndromes de Raynaud sont particulièrement exposés. »

Une conséquence négligée de la vague de froid

Pour le Pr Claire Mounier-Vehier, l'effet du froid sur le risque cardiovasculaire est trop peu évoqué. « En soins intensifs cardiologiques, on observe une augmentation du nombre d’accidents cardio-vasculaires en hiver et ces derniers sont responsables d’environ la moitié de la surmortalité à cette saison, explique-t-elle. Les infarctus du myocarde sont plus nombreux, de même que les AVC et les déséquilibres chez les hypertendus. »

Pour les patients hypertendus, le Pr Mounier-Vehier recommande le prêt d'appareil d'auto-mesure ou la prise de tension chez le pharmacien, voire en ambulatoire en cas de doute. « Il peut être envisagé de majorer le traitement, le temps que les choses se calment », précise-t-elle. L'alcool, activateur du système nerveux sympathique, est également déconseillé par grand froid, de même que fumer sa cigarette en extérieur pour les patients qui ne peuvent pas s'en passer.

Deux fois plus d'infarctus au bout d'une journée à - 4 °C

En 2010, une équipe de l'école londonienne d'hygiène et de médecine tropicale avait montré dans le « BMJ » que le risque d'infarctus du myocarde dans les 28 jours était augmenté de 2 % pour chaque réduction de 1 % de la température. Les ressources bibliographiques sur le sujet restent rares, comme le constate le Pr Mounier-Vehier : « En dehors de cette étude du "BMJ", un registre mis en place par une équipe CNRS de Dijon, avait montré qu'une température de - 4° pendant 24 heures augmente de 115 % les cas d'infarctus observés. »

Si les études épidémiologiques sur le sujet sont éparses, les mécanismes sont en revanches connues. Le surrisque est en effet causé par plusieurs facteurs bien identifiés : l'augmentation de la consommation d'énergie et donc du rythme cardiaque, la vasoconstriction et la déshydratation causées par le froid. Ce phénomène peut entrer en synergie avec la pollution.

« Un des mauvais scénarios est celui d'une personne âgée vivant à côté de son radiateur dont le métabolisme ralenti et le cœur ne peuvent pas s'adapter facilement aux brusques changements de température une fois dehors, poursuit le Pr Mounier-Vehier. Certains patients comme les gros fumeurs risquent une fissure d'une plaque d'athérome du fait de l'activation du système nerveux sympathique par le froid. »


Source : lequotidiendumedecin.fr