Editorial

Génélecteurs

Publié le 31/03/2017
Article réservé aux abonnés
.

.

Il était une fois, dans un coin déshérité des Hauts-de-France, un vieux militant d’extrême-droite, médecin généraliste de son état. Au terme d’une vie remplie d’activisme et de soins, il entreprit de débaucher, pour la cause, une infirmière libérale, aussi dévouée que naïve… « Coupez ! » Ainsi débute le scénario de « Chez nous », le dernier film de Lucas Belvaux, version plutôt sinistre de « Bienvenue chez les ch’tis ».  Du cinéma politique comme on n’en avait plus vu depuis Yves Boisset… mais rien que de la fiction ! Hum... En tout cas, en ce qui concerne le sulfureux « Dr Berthier ». Car notre sondage sur la présidentielle le confirme : des médecins de famille d’extrême-droite, ça ne court pas les rues. à preuve : ils sont trois fois moins enclins à voter FN que leurs patients. Par nature ou par culture, ils demeurent hermétiques aux sirènes frontistes malgré le surmenage, les assauts de la paperasse et, parfois, la violence dont ils sont victimes...

La profession apparaît d’ailleurs aussi éloignée des extrêmes… qu’extrêmement classique dans ses choix. En résumé, un vote utile plutôt qu’un vote futile. On choisit Fillon en priorité, les praticiens semblant davantage sensibles à son plaidoyer pro-libéral qu’au tintamarre qui l’accompagne désormais. Et si le héros de la droite devait disparaitre au soir du premier tour, il ne fait guère de doute que les généralistes se retrouveraient alors en majorité à soutenir Macron. Un candidat qui, par sa relative fraicheur et son positionnement au centre, a déjà conquis un praticien sur trois. Concernant les généralistes, l’équation électorale semble donc simple. Pour le moment… Car notre enquête suggère aussi que la profession, bousculée par les jeunes, pourrait tout doucement se gauchiser dans les années à venir…

Mais n’anticipons pas. Un sondage ne fait pas une élection. A fortiori, quand il se cantonne à une catégorie professionnelle déterminée. Certes, la question du rôle des acteurs de santé en tant que relais d’opinion reste débattue. En 1997 la droite avait imputé sa défaite à leur mauvaise humeur. En 2017, ils apparaissent remontés comme jamais contre leur ministre. Mais, cette fois, les cartes du jeu politique ont été tellement redistribuées qu’on se demande dans quel sens ils pourraient influencer l’élection...


Source : Le Généraliste: 2791