L'administration très précoce de la caféine chez les grands prématurés est bénéfique pour le pronostic néonatal immédiat. Mais qu'en est-il pour l'impact à long terme sur le neurodéveloppement ? Une étude canadienne répond favorablement à la question dans « Pediatrics » dans une cohorte rétrospective de 2018 nourrissons nés avant 29 semaines d'aménorrhée.
L'évaluation à 18 et 24 mois d'âge corrigé montre que les enfants ayant reçu de la caféine dans les 2 jours suivant la naissance (n = 1 545) ont un meilleur développement neurocognitif que ceux l'ayant reçu après (n = 563).
Des bénéfices incontestés sur le pronostic immédiat
La caféine, donnée de façon systématique en cas de grande prématurité pour contrôler le risque d'apnées, diminue le risque de dysplasie bronchopulmonaire ainsi que la durée de ventilation mécanique, tout en améliorant la survie sans handicap neurologique.
Ces bénéfices constatés pour une administration commencée entre 3 et 10 jours de vie ont conduit à l'introduire plus tôt dans les 2 jours de vie, mais sans que l'impact à long terme sur le neurodéveloppement d'une administration très précoce soit évalué.
« La caféine pourrait ne pas être une intervention bénigne », expliquent les auteurs en raison d'une réduction de la vélocité du flux sanguin cérébral et d'une augmentation de l'irritabilité, la nervosité et des convulsions. De plus, la caféine pourrait avoir des effets délétères au niveau moléculaire et cellulaire.
Une priorité une fois le bébé stabilisé
Dans ce travail, le critère principal était la survenue d'un trouble significatif du neurodéveloppement, c'est-à-dire une infirmité motrice cérébrale, un score<70 sur l'échelle spécifique de Bayley (langage, motricité, cognition), une aide auditive ou un implant cochléaire ou un trouble visuel bilatéral.
De plus, l'étude a confirmé qu'il y avait moins de dysplasie bronchopulmonaire, de canal artériel patent et de trouble neurologiques graves lors de l'administration précoce de caféine dans les 2 jours de vie.
Il n'est pas établi cependant qu'une administration la plus précoce possible s'accompagne d'un maximum de bénéfice. « (La caféine) ne devrait pas être comptée à ce jour comme un traitement d'urgence, concluent les auteurs. Cependant, au milieu de la stabilisation des extrêmes prématurés, elle ne devrait pas être oubliée, et l'administration devrait être considérée comme une priorité une fois le nouveau-né stabilisé. »
Pediatrics. Lodha A. https://doi.org/10.1542/peds.2018-1348
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature