HPV : la politique de vaccination universelle remise en question

Publié le 07/06/2016
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Depuis sa recommandation en 2007 par le HCSP, la vaccination  des jeunes filles par le vaccin HPV est très insuffisamment mise en œuvre. Au 31 décembre 2015, moins de 15% de jeunes filles avaient reçu le schéma complet de vaccination à l’âge de 16 ans, cette proportion étant en baisse constante depuis 2011. Les couvertures HPV pour la France, sont en outre, les plus basses rapportées au Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC) par les pays de l’union européenne.  

Dans un tel contexte où la couverture vaccinale HPV est non seulement insuffisante, mais en régression, l’étude relatée par Jean Paul Guthman et col. dans le dernier BEH (16-17 juin 2016), intitulée « inégalités socio-économiques d’accès à la vaccination contre les infections à papillomavirus humains en France » incite à modifier les modalités de réalisation de ce vaccin.

Ce travail, effectué à partir des données de l’ Enquête santé et protection sociale 2012 a inclus l’analyse de deux populations de femmes. L'une sur 4508 femmes âgées de 25 à 65 ans, cibles du programme de dépistage par frottis cervico-utérin. L'autre sur 899 jeunes femmes de 16 à 24 ans ciblées par cette vaccination anti-HPV.

Les résultats montrent que  les jeunes filles appartenant aux milieux socioéconomiques les moins élevés sont les moins bien vaccinées contre l’ HPV. Ils dégagent également qu’au sein d’une même famille, lorsqu’une mère n’est pas soumise au dépistage du cancer du col par frottis cervico-uterin, sa fille est plus souvent non vaccinée.   

Les auteurs en infèrent que les jeunes filles non vaccinées qui auront demain les mêmes comportements que leurs mères ou qui rencontreront les mêmes obstacles au dépistage que leur génitrice, seront elles-même non dépistées dans le futur. Ceci laisse, selon eux, présager un impact probablement limité du programme de vaccination. En effet, concluent-ils, si les groupes sociaux les plus modestes sont ceux qui accèdent le moins à ce vaccin, il est possible que la politique actuelle de vaccination universelle  ne contribue ni à augmenter la couverture vaccinale, ni à réduire les inégalités face à cette vaccination, inégalités qui risquent, au contraire, de se creuser d’avantage . 

Dr Alain Dorra

Source : lequotidiendumedecin.fr