Comparée à l’attaque sur Charlie Hebdo, la prise d’otage survenue dans l’Hyper Cacher de Vincennes le 9 janvier 2015 est, pour les services d’urgence de la brigade des sapeurs pompiers de Paris (BSPP), ce qu’il convient d’appeler une opération à cinétique lente.
« Nous avons pu nous organiser, se rappelle le Dr Michel Bignand, médecin chef du service médical d’urgence des pompiers de paris, et appliquer le plan rouge Alpha », une version dégradée du plan rouge (conçu pour secourir un nombre important de victimes au même endroit), où l’on part du principe qu’un autre événement peut survenir à tout moment. La BSPP garde donc des réserves.
Pendant que se déroulait la prise d’otage, les services d’urgence prévus pour les accueillir les blessés ont été prévenus, les axes d’évacuation dégagés et 14 motards d’escorte sont prêts à accompagner les ambulances. Pour aller le plus vite possible, aucun passage au PMA n’est prévu, bien que la BSPP en ait installé un pour accueillir les familles des otages.
Lors de l’assaut, les médecins de la BSPP, casqués et protégés, pénètrent dans l’Hyper Cacher derrière les assaillants du RAID. Depuis 5 ans, la brigade de recherche et d’intervention (BRI) a été « médicalisée » et intègre cinq médecins dont le Pr Denis Safran, du service d’anesthésie-réanimation de l’hôpital européen Georges Pompidou et ancien médecin en chef de réserve à la BSPP.
Les enseignements d’une opération réussie
« La différence avec Charlie Hebdo, c’est que les forces de police étaient bien protégées, on s’attendait donc à d’avantage de plaies aux membres inférieurs et supérieurs », explique le Dr Bignand. À la fin des opérations, on dénombre cinq morts dont le terroriste, trois clients et un employé et 9 blessés dont deux policiers du RAID, un policier de la brigade de recherche et d’intervention.
Malgré le succès de l’opération, la BSPP a réfléchi à un nouveau plan rouge dédié aux fusillades et aux prises d’otages pour corriger les défauts observés.
Premier point important du plan : l’identification des services de la police auxquels la BSPP pourrait être confrontée. Il y a en effet une pléthore de services différents au sein de la préfecture de police, ce qui « a été problématique » se souvient le Dr Bignant. Les urgentistes doivent en effet composer avec la DOPC (direction de l’ordre public et de la circulation) la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP) et la Direction Opérationnelle des Services Techniques et Logistiques. (DOSTL). Tous ses acteurs doivent donc être intégrés dans un organigramme de commandement opérationnel, mis en place en amont, et au sommet duquel se trouve le préfet de police ou un de ses représentants. Les composantes de la police doivent quadriller la zone, tout en laissant les médecins et psychiatres autorisés libres de leurs mouvements, et surveiller les évacuations, car un terroriste peut se cacher parmi les victimes.
Le nouveau plan prévu par la BSPP prévoit une médicalisation sommaire, et une évacuation rapide des cas les plus graves vers des structures identifiées. Le triage se fait sous la responsabilité du médecin chef du triage (BSPP ou SAMU), désigné par le Directeur des Secours Médicaux (DSM). Ce plan ne concernerait que Paris, seul endroit en France qui concentre les moyens utiles à sa mise en œuvre, doit encore être validés par la préfecture de Paris.
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