Les infections invasives à méningocoque (IIM) sont rares, très compliquées à diagnostiquer, gravissimes et à l’épidémiologie évolutive, entre les sérogroupes B, C, W et Y. « Les cartes sont en train d’être rebattues, explique le Pr Hervé Haas (centre hospitalier Princesse-Grace de Monaco), et notamment depuis 2017, année de la recommandation de la vaccination antiméningococcique C à 5 et 12 mois, suivi par l’obligation vaccinale en 2018, où l’incidence des sérogroupes historiques B et C a reculé simultanément à l’émergence des sérogroupes W et Y. Puis l’épidémie de Covid-19 est passée par là, provoquant un effondrement des cas d’IIM en avril 2020, suivi d’une reprise timide vers octobre 2021 puis d’une franche flambée en juillet 2022, avec un triplement des cas par rapport à 2021 ; ce rattrapage illustrant le concept de dette immunitaire ». Aujourd’hui, si le MenC n’est plus prédominant, la responsabilité des trois autres sérogroupes est en forte progression : 53 % pour le MenB, 23 % pour le MenY et 19 % pour le MenW en décembre 2022.
« Cette recrudescence brutale post-confinement des sérogroupes B, W et Y nous oblige à nous poser la question de l’introduction du vaccin tétravalent MenACWY », explique le pédiatre. Par ailleurs, se pose la question du portage du MenC par les adolescents et les jeunes adultes, non circonscrit par la vaccination, ainsi que la perte des anticorps bactéricides antiMenC avec le temps.
Autant d’arguments repris par les experts français d’Infovac en faveur de l’inscription du vaccin tétravalent MenACWY dans le calendrier vaccinal, chez l’adolescent et le jeune adulte et/ou chez le jeune enfant après un an, en rappel du MenC (ou chez les 12-14 mois en remplacement de la dose de MenC, avec un rappel à l’adolescence). En 2021, la Haute Autorité de santé avait écarté une éventuelle recommandation du vaccin tétravalent en population générale. Les experts remettent aujourd’hui la question sur la table. D’autres pays l’ont déjà adopté (Allemagne, Italie, Grèce, Malte, Slovaquie, Espagne, Belgique, République tchèque, Chypre, Pays-Bas…), soit dans la première année de vie, soit à l’adolescence ou à ces deux périodes. Trois vaccins tétravalents conjugués sont disponibles et les recherches actuelles portent déjà sur des candidats pentavalents MenABCWY.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature