Les femmes sont – et seront – de plus en plus concernées par la BPCO. Face à ce constat, l’association BPCO a formulé, à l’occasion de ses 8èmes rencontres, qui ont eu lieu ce mardi 10 novembre 2015 à Paris, 7 propositions aux autorités de santé, pour mieux informer les femmes, mais aussi améliorer la prévention et le traitement de la BPCO chez les fumeuses.
Car les Françaises n’ont jamais autant fumé, et sont de plus en plus nombreuses à fumer au quotidien : 27 % en 2010 contre 23 % en 2005, selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DRESS), et 40 % des femmes fumeuses ont moins de 17 ans.
Stéréotypes dépassés
Par ailleurs, si la prévalence de la BPCO dans le monde concerne autant les hommes que les femmes, cette maladie est sous-diagnostiquée chez les femmes.
« Le stéréotype masculin du patient de plus de 50 ans – qui tousse et qui crache – est toujours présent, y compris chez les professionnels de santé. Les médecins pensent plus facilement à rechercher la BPCO chez les fumeurs que chez les fumeuses. Or ce stéréotype n’a plus lieu d’être », souligne le Pr Chantal Raherison, pneumologue à Bordeaux, présidente du groupe Femmes et poumon à la Société de pneumologie de langue française (SPLF).
De plus que la dégradation respiratoire due au tabagisme est plus rapide chez la femme que chez l’homme. À tabagisme égal, les femmes ont tendance à développer précocement une forme plus sévère de BPCO, avec des particularités cliniques spécifiques : « moins d’expectoration, plus de toux nocturne, de dyspnée et de fatigue, plus de comorbidités (risque d’ostéoporose élevé, dépression...) et une qualité de vie plus altérée que chez les hommes fumeurs », précise le Pr Raherison.
Des solutions concrètes
Parmi les 7 propositions de l’association BPCO, « il’influence des fabricants de tabac doit, tout d’abord, être neutralisée : il faut déconnecter la politique du tabac du ministère de l’économie et des finances et la placer sous la gouverne du ministère de la santé (ou en co-gouvernance), propose le Dr Frédéric Le Guillou, président de l’association. Nous pourrions également imaginer de créer une agence indépendante associant usagers, associations de malades, professionnels de santé, assurance-maladie, futur institut de santé publique, ministère de la santé pour définir et mettre en œuvre une politique nationale de lutte contre le tabac efficace et suivie. »
Autres propositions : éduquer les enfants sur les dangers du tabac dès l’école primaire ; contrer la puissance marketing des fabricants de tabac (par la promotion du paquet neutre, l’augmentation significative des taxes sur le tabac...) ; favoriser le sevrage tabagique (rembourser par exemple 3 mois de traitement et accompagner les nouvelles mamans pendant 6 mois après l’accouchement...).
« Il faut, par ailleurs, inciter les médecins généralistes et les médecins du travail à un repérage systématique des femmes fumeuses en mettant à leur disposition des outils de détection de la BPCO. Des campagnes d’informations (audio et télévisuelles) sur la BPCO permettaient également de mieux faire connaître cette maladie auprès du grand public. Enfin, il faut aider les femmes atteintes de BPCO à concilier leur maladie avec leur vie professionnelle (adapter les postes de travail pour éviter l’exclusion) et avec leur vie personnelle en développant la réhabilitation respiratoire en ambulatoire ou à domicile », conclut le Dr Le Guillou.
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