La capsaïcine peut-elle favoriser la récupération myocardique ?

L’APPLICATION d’un topique contenant de la capsaïcine, un produit extrait du piment, pourrait-elle aider des sujets lors d’un syndrome de menace cardiaque ? Cette notion tout à fait sérieuse est dérivée du concept de préconditionnement ischémique, sur lequel des chercheurs travaillent depuis maintenant plus de vingt ans.

L’article que Keith Jones et coll. (Université de Cincinnati) publient dans « Circulation » indique que l’application de capsaïcine fonctionne comme un stimulant neurologique dès lors que le produit est appliqué au bon endroit, à savoir sur la paroi abdominale. Et que cela a pour effet de réduire de manière significative les dégâts myocardiques lors d’un infarctus du myocarde. L’étude est réalisée sur un modèle d’infarctus du myocarde chez la souris. Les chercheurs ont appliqué un gel contenant de la capsaïcine sur la peau de l’abdomen avant d’interrompre la circulation des coronaires de leur modèle pendant quarante-cinq minutes. Et observé vingt-quatre heures plus tard que ces souris ont perdu 15 % de cellules myocardiques en moins que celles qui ont reçu un gel placebo.

Keith Jones et coll. supposent que la capsaïcine appliquée sur la peau de l’abdomen aide à la récupération du myocarde en agissant en tant que stimulus nociceptif, qui suit une voie neurogène impliquant les nerfs spinaux, avec une activation des nerfs sensitifs et sympathiques cardiaques. Ils montrent une activation dépendante de la bradykinine au niveau du myocarde et une activation des fibres-C sensitives au niveau de la peau.

« Pour finir, nous montrons que l’application topique de capsaïcine, qui active sélectivement les fibres-C sensitives, produit un effet cardioprotecteur qui ressemble à celui du RPCT (Remote PreConditioning of Trauma).  »

La notion de préconditionnement ischémique traumatique est dérivée du préconditionnement ischémique. Des chercheurs montrent que l’on peut réduire les altérations myocardiques occasionnées par une ischémie/reperfusion en réalisant une ischémie éloignée (du membre inférieur par exemple) ou en pratiquent une incision à l’abdomen. Des études sont réalisées dans le cadre de la chirurgie cardiaque, des procédures de traitement des accidents coronaires et dans le domaine de la chirurgie réparatrice des malformations cardiaques chez l’enfant.

Circulation, 2009 ; 120 : S1-S9.