Asthme de l’enfant

La corticothérapie inhalée n'affecte pas le risque fracturaire

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Publié le 27/03/2018
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Crédit photo : PHANIE

Il y a une dizaine d’années, une étude longitudinale prospective avec sept ans de suivi s’était déjà intéressée au risque fracturaire de l’enfant sous corticothérapie inhalée. Un surrisque avait auparavant été mis en évidence chez certains adultes. Des données montraient que le risque d’ostéoporose et de fracture était augmenté sous corticothérapie inhalée chez l’adulte à risque fracturaire élevé. Ce résultat avait relancé la question de la sécurité des corticoïdes inhalés en pédiatrie.

Dans cette cohorte de 2008 rassemblant un peu plus de 500 garçons et de 350 filles de 5 à 12 ans avec un asthme moyen à modéré, suivis par DMO lombaires annuelles, la corticothérapie orale était significativement associée chez les garçons à une réduction de l’accumulation minérale osseuse dose-dépendante et un risque accru d’ostéopénie. En revanche, la corticothérapie inhalée – dose cumulée – n’était associée qu’à une petite réduction de la minéralisation osseuse sans effet sur l’ostéopénie, non majorée.

Une vaste étude cas contrôle

Cette année, une vaste étude cas contrôle menée sur une population de jeunes canadiens diagnostiqués asthmatiques entre 2000 et 2014 a analysé à son tour les rapports entre corticothérapie inhalée et risque de fracture (1). Les auteurs ont recherché dans les registres de l’Ontario les jeunes ayant eu au moins une fracture entre 2 et 18 ans. Près de 4 000 cas ont été identifiés et appariés chacun à quatre contrôles.

Parmi ces jeunes, dont les deux tiers ont été diagnostiqués asthmatiques avant l’âge de 6 ans, près de la moitié n’avaient pas suivi de corticothérapie inhalée dans l’année précédant la fracture. L’analyse multivariée ne met pas en évidence d’association entre exposition aux corticoïdes inhalés et risque de fracture ni chez les enfants qui étaient sous traitement (corticothérapie inhalée dans les trois mois avant la fracture), ni chez ceux traités dans les trois à six mois avant, ni chez ceux traités par le passé (dans les six mois à un an avant). Cette vaste étude ne plaide donc pas pour une association entre corticothérapie inhalée et risque de fracture, mais confirme sans surprise que la corticothérapie systémique majore le risque de fracture.

(1) N Gray et al. Association between inhaled corticosteroid use and bone fracture in children with asthma. JAMA Pediatr 2018;172:57-64
(2) HW Kelly et al. Effect of long-term corticosteroid use on bone mineral density in children: a prospective longitudinal assessment in the childhood Asthma Management Program (CAMP) study.Pediatrics 2008;122:e53-61

Pascale Solere

Source : lequotidiendumedecin.fr