Rien ne vient atténuer le jugement de l'opinion française sur les exactions commises par des jeunes, parfois des enfants. Il était logique, pour les pouvoirs publics, de rappeler les devoirs des parents, d'interpeller des centaines de casseurs et incendiaires, et d'envisager de nouvelles actions répressives. Le fait est que la violence, aussi incroyable qu'elle soit, traduit une aspiration à une reconnaissance officielle et à des gages d'espoir.
Il est absurde de faire des comparaisons historiques, par exemple avec le désordre engendré par le contrat première embauche ou les gilets jaunes (c'était une autre génération). Cet espèce de soulèvement foudroyant est à la mesure de la haine qu'inspire la police aux jeunes. Le mouvement a été spontané et répétitif, entièrement assuré par les réseaux sociaux. Son impact poltique est considérable : il a modifié le calendrier de l'État (Emmanuel Macron a annulé sa visite d'État en Allemagne), il réclame d'indispensables dépenses alors que nous gérons une dette publique de plus de 3 000 milliards, il envoie au second rang des préoccupations, comme l'Ukraine, qui étaient prioritaires.
Bien entendu, les partis ont réclamé l'instauration de l'état d'urgence. Le président de la République, jusqu'à présent, a préféré sa méthode, mélange de répression et d'appels au calme. Les assurance ont dressé un premier bilan qui se monte à 100 milliards pour réparer ce qui a été détruit, pour autant que les casses et incendies nocturnes ne se poursuivent pas. L'inquiétude des Français est généralisée : l'attaque lâche d'une bande de voyous contre deux policiers en civil qu'ils ont reconnu, l'assaut contre la maison du maire de l'Haÿ-les-Roses, où dormaient sa femme et ses deux enfants laisseront des traces : on redoublera de prudence et on se méfiera d'innocents qui sonnent à la porte.
Un argument de campagne
Si grave que soit cette crise, elle ne menace pas directement l'exécutif, qui bénéficie des mesures qu'il a adoptées et qui a tenté, parfois efficacement, de rassurer ses concitoyens. C'est le moment privilégié où, alors que des gosses assènent des coups de boutoir aux institutions, les Français sont contents d'avoir un chef qui ne perd pas son sang-froid. Il existe une immense majorité en faveur de l'ordre. Encore faut-il qu'il soit juste et qu'il ne néglige pas des citoyens théoriquement égaux à tous les autres, mais qui enragent de n'être pas traités comme les autres. C'est sûrement le problème de Macron, qui a encore le temps de laisser une trace là encore réformiste. Mais c'est une crise qui a duré quarante ans et qui a déjà explosé de temps en temps. Chaque fois, on a poussé la poussière sous le tapis. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. On évitera une nouvelle explosion si on prend des dispositions idoines et généreuses.
Si M. Macron ne souffre pas de cette crise, l'occasion lui est d'autant plus offerte de prendre le taureau par les cornes. Cela lui conviendra car il s'est juré publiquement de travailler et de réformer pendant les quatre dernières années de son mandat. On pense à ceux qui, notant qu'il ne pourrait plus se présenter pour un autre mandat, en ont conclu qu'il était condamné à faire de la figuration. N'est-il pas d'ailleurs celui qui ne se livrera pas à la surenchère ? Marine Le Pen et Éric Ciotti lui demandent d'en faire plus (passer les quartiers au lance-flammes ?), Mélenchon ne songe qu'à ces pauvres petits victimes du racisme et de l'intolérance. Si les casseurs instrumentalisent la mort du pauvre Nahel, les partis politiques, eux, ne se gênent pas pour en faire un argument de campagne électorale.
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