« À la suite du premier plan antibiotiques, la circulaire du 2 mai 2002 a préconisé à titre expérimental la création de centres de conseil en antibiothérapie en Région. C’est dans ce contexte que deux projets ont été lancés en France : Antibiolor en Lorraine et MedQual en Pays de la Loire », explique le Pr Françoise Ballereau, présidente de MedQual, centre d’information et de ressources à vocation régionale pour le bon usage des produits de santé.
C’est en 2003 qu’a été créé MedQual avec le soutien actif du CHU de Nantes qui, depuis son origine, héberge cette association loi 1901. « Dès le départ, nous avons eu pour objectif de décliner le plan antibiotiques, en menant des actions de sensibilisation sur le bon usage de ces médicaments dans les établissements de santé mais aussi en médecine de ville. Nous avons mis en place un suivi de la consommation des antibiotiques au niveau de la région Pays de la Loire, ainsi qu’un suivi des résistances bactériennes dans le secteur hospitalier, en médecine de ville et, de manière plus récente, dans le secteur médicosocial. En ville, ce réseau de surveillance porte principalement sur Staphylococcus aureus et Escherichia coli, explique le Pr Ballereau. Cette surveillance s’appuie sur un vaste réseau de 236 laboratoires de ville, qui peu à peu s’est étendu au-delà de la région Pays de la Loire pour toucher la zone du grand Ouest. Aujourd’hui, il s’étend progressivement sur le territoire français, avec des laboratoires de la région Rhône-Alpes, l’Auvergne et la Lorraine ».
MedQual a également mis en place des outils pour sensibiliser les professionnels de santé au bon usage des antibiotiques et pour qu’ils aient accès à une information rapide pour un usage juste et maîtrisé de ces médicaments. « Nous avons notamment mis en place un conseil en ligne. Tous les médecins qui le souhaitent peuvent nous appeler s’ils ont des questions sur une prise en charge thérapeutique par antibiothérapie ou sur les effets indésirables et les interactions médicamenteuses par exemple. D’ailleurs, nous sommes également sollicités par des pharmaciens. Mais, en général, les médecins, que ce soit en ville ou à l’hôpital, nous contactent quand ils se trouvent en difficulté pour définir la bonne stratégie thérapeutique devant une situation clinique infectieuse complexe », explique le Pr Ballereau.
L’an passé, MedQual a reçu environ 700 appels de professionnels de santé. « C’est bien, mais ce chiffre pourrait certainement être plus élevé. En France, il n’existe pas encore suffisamment cette culture du conseil en ligne. On fournit pourtant un service immédiat en nous appuyant, à chaque fois que cela est nécessaire, sur l’expertise de nos infectiologues et des antibioréférents de la région, principalement ceux du CHU de Nantes. Dès que nous avons un cas clinique un peu complexe, nous faisons appel à eux », indique le Pr Ballereau, en précisant que MedQual a aussi créé, sur son site, un espace d’information pour le grand public.
Le Pr Ballereau reconnaît qu’il est pour l’instant difficile d’évaluer avec précision les bénéfices de l’action menée par MedQual. « Mais, que ce soit en ville ou en établissements de santé, nous avons, au niveau de la région Pays de la Loire, une consommation moyenne d’antibiotiques bien en dessous de la moyenne nationale. Nous sommes aussi bien placés pour le taux de staphylocoques dorés résistants à la méticilline », souligne le Pr Ballereau, tout en indiquant l’importance de poursuivre ce travail de sensibilisation des médecins. « On a encore le sentiment que nombre d’entre eux ne mesurent pas encore très bien toutes les conséquences du mésusage des antibiotiques, le problème que pose le développement des résistances ou les inquiétudes que les infectiologues peuvent avoir face aux EBLSE par exemple. Pour les sensibiliser de manière un peu plus directe, nous avons élaboré une cartographie permettant de présenter l’évolution des résistances de Escherichia coli et de Staphylococcus aureus dans chaque département de la région. Pour les médecins, qui exercent sur place, cela prend une dimension un peu plus concrète », souligne le Pr Ballereau.
D’après un entretien avec le Pr Françoise Ballereau (Nantes), présidente de MedQual.
exergue 1
En général, les médecins nous contactent quand ils se trouvent en difficulté devant une situation clinique infectieuse complexe
exergue 2
On a encore le sentiment que nombre de médecins ne mesurent pas encore très bien toutes les conséquences du mésusage des antibiotiques
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