Après la prescription pharmaceutique et la vaccination antigrippale étendue en officine, les pharmaciens pourront toucher une rémunération pour la « dispensation adaptée » des médicaments prescrits par les médecins.
Cette disposition a été adoptée dans le cadre d'un avenant à la convention pharmaceutique (n°19) signé mardi dernier par l'Assurance maladie, les organismes complémentaires (UNOCAM) et du syndicat USPO.
« L'objectif est de s'assurer de la délivrance de la quantité pertinente de médicaments nécessaires au traitement prescrit, afin d'éviter tout risque de mésusage, sur la base d'une intervention pharmaceutique », prévoit le texte de 6 pages, dont Le Généraliste a eu copie.
Cette nouvelle mission doit se mettre en place en « cohérence avec le déploiement de la prescription électronique pour garantir la traçabilité de la démarche du pharmacien », précise l'avenant.
En clair, l'Assurance maladie souhaite s'assurer que les pharmaciens puissent si nécessaire réduire la quantité de médicaments délivrés aux patients, si le médecin venait à prescrire trop de boîtes.
La profession dit non aux « pharmaciens censeurs »
Cette initiative, qui divise les syndicats de pharmaciens (l'avenant 19 n'a pas été signé pour plusieurs raisons par la FSPF), est également très mal vécue par les syndicats de médecins libéraux.
Le Syndicat des médecins libéraux (SML) a le premier dénoncé la création de ce nouvel acte pharmaceutique qui consisterait à rémunérer le pharmacien pour qu’il ne dispense pas « tout ou partie des traitements à posologie variable prescrits par le médecin ».
Selon le syndicat du Dr Philippe Vermesch, cette disposition ferait des pharmaciens le « verrou » de contrôle économique de la prescription médicale. « Il n'y a aucune légitimité au " pharmacien-censeur " dont le rôle serait de rationner les dépenses », ajoute le syndicat, qui demande un arbitrage rapide à la ministre de la Santé.
MG France a également fustigé un dispositif « provocateur » et « inacceptable » car adopté par une seule organisation de pharmaciens sans concertation avec les syndicats de médecins. « Cette adaptation des traitements, qui pourrait se traduire par la non-délivrance de spécialités prescrites, peut se justifier en cas de redondances ou d'erreurs lors de la rédaction mais elle nécessite un échange confraternel entre le pharmacien et le médecin prescripteur », affirme le syndicat de généralistes.
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