La réforme des retraites dans le collimateur des PH

La grève de la pénibilité se prépare à l’hôpital

Publié le 30/08/2010
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LES HOSTILITÉS commencent dès mercredi. À l’initiative du Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi (SNPHAR-E), les médecins de l’hôpital public concernés par le travail de nuit sont invités, à compter de cette date, à observer une grève illimitée des gardes et des astreintes. « Nous allons nous faire réquisitionner, prévient le Dr Nicole Smolski, présidente du syndicat. Il s’agit pour nous d’infléchir la réforme des retraites dans son volet " pénibilité " ».

De fait, Nicolas Sarkozy a indiqué la semaine dernière que ce sujet était un des rares axes du projet de loi « retraites » à ses yeux amendables. Le bras de fer commence donc. Et le SNPHAR-E a soigneusement ficelé son argumentaire. « Que nous dit le texte en préparation ? Que la pénibilité est individuelle et qu’elle n’est reconnue, pour un départ en retraite anticipée, que si un handicap d’au moins 20 % est constaté au cours de la période d’activité d’un salarié, explique le Dr Smolski qui poursuit : D’abord, nous n’aimons pas que les notions de handicap et de pénibilité soient mélangées. Ensuite, il est scientifiquement avéré que la pénibilité du travail de nuit retentit sur la santé à long terme : la qualité de vie, l’espérance de vie en bonne santé sont atteintes. J’ajoute que le seuil de 20 % retenu par le gouvernement est très élevé ! Il correspond, nous disent les médecins du travail, à des gens qui sont déjà en arrêt de maladie – ils peuvent avoir, par exemple, une épaule bloquée ou bien être sous oxygène à domicile… »

Espoirs déçus.

Des mesures « pénibilité » avaient été annoncées dès la loi Fillon de 2003, suscitant une attente parmi les médecins de l’hôpital concernés. Déçu, le SNPHAR-E estime les propositions des pouvoirs publics ultra-restrictives et tire ses conclusions : « On va exposer les gens au travail de nuit en sachant que cela a un retentissement sur leur santé et sans aucune compensation. » Afin de faire mieux, le syndicat propose lui aussi un seuil : « Pour les médecins astreints à la permanence des soins [et dont le travail de nuit représente « 4 à 5 années de carrière », calcule le SNPHAR-E], mais aussi les infirmières ou les aides soignantes qui font des nuits, nous demandons des compensations dès lors que les 1 000 nuits travaillées ont été franchies. »

Les PH astreints à la PDS présentent, par rapport à d’autres salariés, des particularités en matière de rythme, souligne le SNPHAR-E. Leurs nuits s’intercalent avec des journées de travail (et ils ne récupèrent après une garde que depuis 2003), leurs amplitudes horaires sont très longues (autour de 55 heures).

Toujours sur le thème des retraites, le SNPHAR-E rejoint par ailleurs le mouvement national du 7 septembre orchestré dans tous les secteurs d’activité par l’intersyndicale CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FSU, Solidaires et UNSA. « En dehors de la question du travail de nuit, les médecins hospitaliers sont concernés par la retraite comme tout le monde, fait valoir Nicole Smolski. Pour nous, comme nous commençons à travailler tard, la réforme signifie que nous prendrons notre retraite à 67 ans. C’est inimaginable ! »

 K. P.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8806